Rencontre(s) Avec Les Andes


Objectif: Dessiner les Rencontres avec les Gens

Destination: Amérique du Sud!


La Suite...

Après l'écriture Sudaméricaine, voici un nouveau petit site d'aventures quotidiennes.

Parce que l'écriture ne s'arrête aux frontières.

Et lorsque l'on rentre de voyage les mots continuent leur chemin.

Retrouvez d'autres aventures par ici!

En route vers les Chroniques Quotidiennes...

Le Retour : Dernier Volume

Bon, je pensais que ce serait le dernier mais, arrivée dans le pays de départ après un voyage, reste un voyage à part entière. Voilà presque une semaine que je suis de retour (déjà ?!) et, ma tête est encore au Chili. En moins de 24 heures, je suis passée par quatre fuseaux horaires différents, celui de Santiago, celui de Sao Paulo, celui de Lisboa et enfin, celui de Lyon. Petit couché de soleil sur la mer de nuages avant de descendre dans la grisaille hivernale dans laquelle était plongée l’aéroport Saint-Exupéry. Changement de décors ! Première impression : ça caille un max ici ! Je perds casiment 27°C de chaleur, rien du tout ! Je suis passée du plein été rayonnant de soleil et de chaleur à l’hiver humide, des journées à rallonge aux journées raccourcies. Mais ce n’est pas le plus gros changement, le pire, c’est la lumière ! Ici, même s’il y a du soleil, il ne fait pas forcément très jour. Bienvenue en France ! Changement d’ambiance garantie ! Heureusement, dans toute cette grisaille, Jean-Christophe était là. Petit stress du tapis de roulant en voyant défiler les valises et autres sacs à dos quand, au loin sa petite carapace noire a pointé le bout de son nez ! Un soulagement ! Presque les larmes aux yeux de le voir arriver tout frigorifié. Toutes ses couches intérieures n’ont pas servi à grand-chose contre le froid. Car oui, Jean-Chri’ a pris un peu d’embonpoint. De ses 17kg idéalisés, il pesait en réalité 23kg tout net ! Un beau bébé que je me suis portée sans avoir vu les petites poignées d’amour qui s’étaient formées de part et d’autre des lanières. Après nos retrouvailles émouvantes, place aux vraies retrouvailles ! Celles avec les gens qui m’ont manqué ! Un véritable plaisirs de retrouver des visages familiers ! De partager une tasse d’eau chaude autour d’un poele et de papoter de ces quatre mois passés.

 

Eh oui ! Quatre mois ont passé. De retour ici, j’ai l’impression de ne pas être partie ou alors très peu. J’ai beau rêvé qu’il faut que je fasse du cambio de mon billet de 20 000 pesos pour acheter du pain, en me réveillant je suis bien en France… Un comble, au Chili, je n’ai jamais trop pensé ni rêvé en espagnol, ici c’est l’inverse, le français vient après. Perdue dans les fuseaux horaires, il va me falloir quelques jours pour atterrir en douceur et mettre mes pendules à l’heure. Qu’il en soit ainsi. Car revenir, c’est comme arriver dans un pays que l’on ne connait pas, il faut reprendre ses marques et avancer, retrouver ce que l’on a laissé et avancer vers de nouvelles idées. Alors, j’attends patiemment que ma tête soit arrivée en attendant de me projeter. Ce qui est sûr c’est que ce voyage a laissé sa marque comme une empreinte de chaussure ! Petit Chili, douce Argentine, je pense à vous et vous remercie pour tout ce que vous m’avez appris.

 

Quatre petits mois Immenses...

Alors voilà, quand faut y aller, faut y aller. J’ai tellement attendu ce retour dans les moments de doutes que maintenant, au moment où je m’y attends le moins, le voilà qui pointe le bout de son nez pour me rappeler qu’il est l’heure de rentrer. Ce retour que m’aura fait profiter à fond de chaque instant. Et aujourd’hui, eh ben, je suis un peu triste de partir. Petite nostalgie de tous ces moments passés ici, entre le Chili et l’Argentine. Triste de quitter ce pays, triste à l’idée de reparler français, triste à la perspective de ne plus vraiment bouger. Je suis partie quatre mois, quatre mois c’est quoi dans une vie ? Rien, un tiers d’année. Et pourtant.. Aujourd’hui ces quatre mois me paraissent trois semaines. Dans le feu de l’action une journée me paraissait deux, quinze jours un mois car en voyage, tout se vit de manière plus intense. Le temps est élastique, il passe rapidement et en même temps s’étire tant il y a de choses qui se passent en un jour. Je me prépare à retrouver ma vie sédentaire en France. Même si cela va me changer de ces mois de vadrouille, je rentre heureuse de retrouver ce que j’ai quitté. Je rentre aussi en voulant connaitre la France car enfaite, je ne la connais pas du tout. Je ne connais pas ses habitants, je ne connais pas ses villages et je connais trop peu son histoire. Parcourir le Chili, son histoire et ses paysages m’aura fait rendre compte que j’ignore beaucoup de chose du pays où je suis née. Je me suis aussi rendue compte que j’aimais ma vie en  France. Non pas que je ne veuille plus voyager, ça non. Seulement, le voyage n’est, pour moi, pas une fin en soi. Le voyage m’a enrichi plus que je ne pouvais l’imaginer mais il m’a aussi permit de voir que ma vie est belle dans l’Hexagone.

Ce texte sera surement le dernier. Petite clôture d’un voyage incroyable. Voyage qui n’aurait pas été ce qu’il a été sans toutes ces personnes que j’ai rencontré. Personnes que je souhaite remercier du fond du cœur, personnes avec qui j’ai partagé de beaux moments, rigolé sur tout et n’importe quoi, parcouru les routes et chemins ou simplement discuté. Par ordre d’apparition sur les sentiers des Rencontres Avec Les Andes : Sophie, Andres, Marion, Nicolas, Paulina, Sebastian, Eduardo, Morgane, Cecilia, Mario, Magdalena, Reiz, Juan, Daniel, Gabriela, Janine, Guillaume, Aurélie, JB, Tita, Simon, Nathanael, Kimo, Patrick, Nancy, Alejandro, Paz, Valentina, Sofia, Fabio, Charlotte, Gabriel, Julien, Alexia, Dany, Isabelle, Patricia, Mathilde, Cécile, Lorena, Sophie, Pierre, Oscarito, Vanessa, Sarah, Richard, Céline, Cristofer, Sergio, Pati, Andrea, Maria, Maryvonne, Delma, Dominique. Merci ! Vous avez fait de mon voyage une magnifique réalité !

Petite larmichette ce soir en repensant à ces quatre petits mois immenses. Comme m’avait dit ma sœur au tout début, lors des temps de crise, ‘’tu verras, l’Amérique du Sud, tu pleures deux fois, quand tu arrives et quand tu la quittes.’’ Moi qui n’y croyais pas une seconde, ‘’pleurer en partant, faut pas déconner ‘’, eh ben, je me suis bien trompée. Ce fut beau, intense et incroyable. Quatre mois qui sont surement le voyage d’une vie tant ils m’ont changé, fait évoluer et grandir. Comme dirait quelqu’un dont j’ai totalement oublié le nom : ‘’L’expérience, ce n’est pas ce qui arrive à quelqu’un, c’est ce que quelqu’un fait avec ce qui lui arrive.’’ Ce voyage fut, est et, sera une sacrée belle expérience… !

Alors… Quand est-ce que l'on repart… ?

Presque bientôt la fin

Tout ça a un goût de fin. Écrire cela est un peu larmoyant sur les bords. Un peu d’émotions, mélangées à des souvenirs. Un moment pour sortir les kleenex, et prendre le temps de terminer ce voyage pleinement.

Ce matin, je suis arrivée à Santiago. Après plus de quatre mois me voilà de retour. Quatre mois plus tard, la boucle est bouclée. Je retrouve les rues qui m’étaient alors inconnues, les arrêts de métro, les terminal de bus, l’auberge de jeunesse. Je retrouve tout car ici, rien n’a changé et pourtant... En septembre, je débarquais là, ici, toute seule, sans Jean-Christophe, un projet dans la tête et un rêve que je tenais du bout des doigts. Un peu perdue il faut l’avouer, sans vraiment trop savoir ce que je faisais là si loin du monde que je connaissais, sans trop savoir pourquoi j’étais partie. Aujourd’hui, je suis de retour dans cette ville qui m’a accueillie la première fois. Une ville pas très accueillante mais, qui m’aura permit de faire mes premiers pas de voyageuse. Je suis de retour, prête à repartir, à rentrer en France et retrouver les gens que j’aime. Je suis de retour ici, dans le même canapé sur lequel je pleurais le premier jour, tout en gardant un lien skypique avec la France. Mais cette fois-ci, je ne pleure pas. Ou alors, je pourrais pleurer mais de joie en sachant tout ce que ce voyage m’a apporté. Je n’ai pas pu faire mon projet, je n’ai pas pu rencontrer les communautés indiennes, ni parcourir la cordillère des Andes du Chili en Colombie. Tout ça j’y ai renoncé car, sur place, je ne m'en sentais pas capable et, il fallait d’abord que j’apprenne à voyager seule. Mais, même si je n’ai pas pu faire ce que je souhaitais, j’ai pu vivre la vie, la vraie.
J’ai rencontré des personnes incroyables qui m’ont faits vivre des moments fantastiques, m’ont ouvert leur porte, prêter un lit, partagé un moment de leur vie, soutenu quand j’avais des doutes, m’ont faire rire autour d’une tasse de café, d’un jugo ou d’un simple verre d’eau. Avec certain, je me suis liée d’amitié, la vraie. Car quand on voyage on ne peut pas s’inventer quelqu’un, on est tout de suite soi sans se faire passer pour quelqu’un d’autre. On est soi, sans barrières ni conventions sociales. (Attention, voici le moment kleenex) Ces personnes là sont entrées dans mon cœur, et l’ont fait grandir. Des liens forts se sont tissés! Peut importe le moment de se retrouver je sais que ces personnes sont là quelque part sur la planète. Et pour tous ces moments partagés je leur adresse un immense merci!

J’ai aussi traversé des paysages magnifiques, de la montagne à la plaine désertique. Des paysages à en couper le souffle, à rester bouche ouverte sans avoir peur d’avaler une mouche. Des glaciers, du sable, de l’eau, du très chaud ou du très froid. Tout cela m’a remplie d’images, de sons et d’odeurs qui restent gravées dans ma tête, mes narines et mon cœur!

J’ai rencontré un pays, connu son histoire du passé au présent et, découvert ses problématiques. Par ses habitants j’ai été immergée dans une autre culture et une autre langue. Pas de survolage! Je me serai imprégnée de toutes les petites et grandes choses qui font le Chili aujourd’hui.

Et, au final, en rassemblant tout ça et bien, j’ai rencontré les Andes! N’est-ce pas ça le plus important?!
Au cours de ces quatre mois, j’ai aussi vécu des moments difficiles, c’est vrai. Mais j’ai appris à me connaitre un peu plus, à me respecter et à profiter de la vie à fond. Même si j’ai pris le plis de voyager seule, je rentre aujourd’hui sans aucun regrets, la tête remplie de projets. Prête pour commencer autre chose, et continuer ce que j’avais laissé. Ce texte a un goût de fin. Fin de quatre mois de vagabondage. Fin d’un beau voyage. Fin d’une Clairon que l’on voyait timide ou trop sage.

Réflexion : le Pape et Moi

Alors voilà, ça y est! Je m’en vais bientôt! Me voici de retour à Santiago le temps de m’acclimater à la fin pour décoller vers la France! Super fastoche dans ce sens là. Mais, je ne fais pas les choses à moitié. Pour mes derniers jours chiliens je serais accompagnée! Et pas par n’importe qui! Non, non! Par… Le Pape, pardi! Eh oui, un aurevoir discret aurait été trop facile. Il me faut projecteurs, tapis rouges et autres écrans de retransmission! Moi, je pars en fanfare et trompette! Enfin... Je vais, tout du moins, essayer d’atteindre l’aéroport avant de voir mon avion décoller en restant dehors. Parce que oui, grâce à l’arrivée de ce Francisco de Pape une bonne partie de la ville est paralysée, des artères sont bloquées, et les bouchons ne pourront être évités. Voilà plus de trente ans qu’un Pape n’avait pas mis les pieds au Chili et il aura fallut que ça me tombe dessus. Peut-être ai je péché dans ma vie et le Pape vient me sauver de manière in extremis après ces années de dessin et de voyage. Car étonnement, nous avons le même emploi du temps. Lundi 15 : Arrivée à Santiago. Mardi 16 : Visite de la ville. Mercredi 17 : Direction l’aéroport, lui pour aller à Temuco, moi pour me rendre à l’hôtel... Et Jeudi 18 : Vol respectif pour le Pérou et la France. Petit parenthèse sur l’hôtel, vu qu’il y a déjà des bouchons à la frontière argentine depuis l’annoncée de l’arrivée imminente de François et ne souhaitant pas restée en rade dans un bouchon, j’ai du prendre une petite chambre près de l’aéroport. Mieux vaut prévenir que dépérir. Tout ça aux frais de la princesse du Vatican. No, mentira! Mes frais d’hôtel n’ont pas voulu être pris en charge dans les frais de déplacements du Pape. Pourtant, des millions de gens ont répondu à son crowdfunding pour financer son voyage (tout pareil je vous dis!). Tant pis... Au cours de sa parade dans la Papa-Mobile (non pas la patate-voiture mais bien la voiture de Francisco), je tenterais de l’amadouer à coup d’Ostie tartinée de dulce de leche (lui rappelant son enfance en Argentine) pour qu'il puisse peut-être couvrir mes frais. Ah François! Je n’ai rien contre toi mais, je me serais bien passée d’un lit King Size à deux pas de l’aéroport..! Ce qui est sur (enfin j’espère) c’est que j’arriverai a bon port!

Vicuña : entre découverte et volontariat

Après la sécheresse désertique du nord, il nous aura fallut une nuit de bus avec Jean-Chri’ pour atteindre el Valle d’Elqui et la petite ville de Vicuña où nous sommes depuis une semaine. Au début, cet arrêt n’était censé durer que deux jours, trois au maximum. Mais, les rencontres amènent à changer ses plans et à revoir son itinéraire. Et nous ne sommes restés pas deux, ni trois mais bien neuf jours dans cette petite bourgade encerclé par les vignes des pisqueras.

Prise de passion soudaines pour les étoiles de l’hémisphère sud, à peine arrivée, me voilà embarquée dès le premier soir dans un petit observatoire familial non loin de Vicuña, sur les hauteurs de Diaguitas. Et là, me voilà une fois de plus impressionnée par l’immensité du ciel et la tranquillité du lieu ! Que de louanges sur ce lieu à mon retour à l’auberge ! Deux jours plus tard, j’ai la chance d’y retourné gratuitement avec les volontaires de l’auberge par un arrangement entre le dueño de l’hostel et les gens de l’observatoire. Ah, ce patron ! Un monsieur très sympa avec une âme sacrément commerçante ! Entre deux blabla, je me suis retrouvée ‘’vendue’’ en tant que volontaire pour cet observatoire. Bon d’accord, le terme ‘’vendre’’ est un peu osé. Mais en ses termes à lui, il ne m’a pas imposé à la famille mais leur à simplement et clairement fait comprendre tous les bénéfices de cet accord ‘’comme un contrat de vente, tu vois ?’’ Humm d’accord, d’accord ! Au final, je n’ai ni été vendue, ni été volontaire j’ai juste proposé mon aide à cette famille pour leur donner plus de visibilité. Au programme : actualisation de leur page Facebouc, tentative de création d’un compte TrippeAdvisor et surtout remise au goût des années 2010 des vidéos présentant les  planètes et autres galaxies ! Un chouette échange, juste comme ça, sans contrat ni rien ! Une aide terminée sur un magnifique pot de confiture de damasco, fait maison, qui poursuit son chemin sur les routes sudaméricaines dans le sac à dos de mes compagnons de chambre. Parce que oui ! Si je suis restée à Vicuña, où il n’y a pas vraiment grand-chose à faire, il faut l’avouer, c’est surtout pour cette fantastique rencontre avec un couple Franco-Chilien ! Une semaine de rire, de musique, de café, de tiramisu, de tarte aux fraises et de grandes discussions ! Nous avons refais le monde ! Eux, sont de vrais mochilleros avec pour projet de remonter le continent de l’extrême sud à l’extrême nord ! Un seul cap : l’Alaska ! Ah, fantastique ! Qui sait peut-être nous retrouverons nous là-bas… Dans un an ou deux ! Un autre rêve que d’aller découvrir ces grandes plaines et le Canada…

La vie étoilée de l’Hémisphère Sud

Parlons bien parlons paysage. Mais quel paysage ? Le terrestre ou le céleste ? L’asséché ou l’étoilé ? Peut-être les deux ! Car oui, ici, le ciel est chanceux ! Dépouillé de nuage, il se pare de ses plus belles étoiles. Et quelles étoiles !! J’ai eu la chance de pouvoir le rencontrer d’un peu plus près à l’aide de télescope super bien ajusté. Au menu ce soir Orion en entrée, Las Nubes de Magallanes, puis Sirius, Betelgeuse et Aldebaran sur fond de Voie Lactée, et en dessert, la Cruz del Sur visible qu’à un certain moment de la nuit. Tout ça me donne des envies d’astronomie et pourquoi pas de physique quantique, car comme disait un des guides astronomiques, ‘’somos todos polvo de estrellas’’. Qu’on y croit ou pas, la voûte céleste ne laisse personne indifférent. Moment d’apaisement, où l’on prend le temps de s’habituer à l’obscurité afin de capter les nuances étoilées. Des bleues, des rouges, des filantes : les yeux ne cessent de faire des allers-retours dans cette immensité ! Petit plus auditif avec le son des grillons qui nous rappelle que nous sommes bel et bien en été ! Incroyable !

Ici, le ciel est d’une pureté sans égal ! La sécheresse de l’air et, l’altitude permettent d’avoir près de 330 jours de ciel dégagé ! C’est pourquoi se trouvent dans cette région de nombreux observatoires comme ALMA, qui a pu détecter par ses antennes la plus ancienne partie de l’univers, ou encore le Very Large Telescop, le plus grand télescope du monde à une centaine de kilomètres d’Antofagasta. Par cet observatoire, des images incroyables du ciel, des planètes et galaxies ont été obtenues !

Mais revenons à Orion ! Prêt à tirer avec son arc étoilé, la constellation d’Orion est formé par les Tres Maria (ou el Cinturon d’Orion),  Saiph et Rigel pour les pieds, Betelgeuse et Bellatrix pour les mains et une petit groupe d’étoiles pour la tête. Non loin de lui, se trouve son fidèle compagnon El Perrito, dont la tête est illuminée en partie par Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel sudiste. Si l’on poursuit la direction indiquée par l’Arc d’Orion, on peut apercevoir un triangle faisant partie de la constellation du Taureau (des constellations du Zodiaque). Dans la cosmologie andine, les Tres Maria servent de pont entre le Terrestre et le Céleste. Un pont menant à la porte du ciel : le fameux triangle du Taureau. Magnifique !

Puis, en tournant légèrement la tête vers la droite on peut apercevoir deux petits nuages dans le ciel. Mais, que font ces nuages dans un ciel totalement dégagé ? Par leur apparence trompeuse, ces nuages sont en réalité des galaxies : Las Nubes de Magallanes (la mayor et la minor). Qui l’aurait cru ! Voir des galaxies à l’œil nu ! Et lorsque le télescope se focalise dessus : que de beauté ! Une concentration d’étoiles avec en son centre une sorte de nœud, de vide. Je n’aurais jamais pensé voir cela avec un ‘’simple’’ télescope ! Avis aux hémisphèriens du Nord, ces galaxies ne peuvent être observées que depuis l’hémisphère Sud ! De l’autre côté, seule la galaxie d’Andromède peut être regarder.

Enfin lorsque la nuit s’installe vraiment, que le ciel a tourné légèrement, la Cruz del Sur apparait. Tout comme la Grande Ourse pour trouver l’étoile polaire et, le Nord Céleste, il suffit de reporter 4,5 fois la plus grande distance de la Croix en partant du pied pour trouver le Sud Céleste. Et, si l’on dessine une verticale imaginaire, on tombe directement sur le Sud Terrestre. Mais attention ! La Cruz del Sur n’ayant pas d’étoile ‘’giratoire’’ (comme l’Etoile Polaire qui reste fixe dans le ciel), la distance à reporter varie en fonction du moment d’observation du ciel.

Fantastique ! Tout cela n’est qu’une toute toute petite partie du ciel mais, elle laisse de grands souvenirs étoilés, de quoi rester un moment dans l’exosphère en gardant les yeux en l’air !

L’enjeu des frontières et Le Volcan Licancabur

Ici aussi, l’histoire du Chili fait des siennes. La région a elle aussi connu des épisodes épiques encore bien présents dans les sols (cette fois-ci !). Au XIXème siècle, la Guerre du Pacifique opposa le Chili, la Bolivie et le Pérou. Cette guerre fit perdre à la Bolivie sa province littorale, qui était son unique accès à la mer. Le Pérou lui, perdit la région de Tarapaca. Deux régions faisant dorénavant partie du territoire chilien.

 Sous Pinochet, un conflit éclata entre l’Argentine et le Chili pour les droits d’appartenances de certains détroits en Patagonie. La Bolivie et le Pérou n’étant pas favorables au Chili depuis le XIXème, Pinochet eut peur de leur soutient pour l’Argentine. Il décida alors de disposes des mines anti-personnelles le long des frontières boliviennes et péruviennes afin de dissuader les possibles révoltes frontalières. Seul 15% des mines étaient et sont encore inactives. Le reste est réparti de manière inconnu en guise de ‘’protection’’ du pays. C’est ainsi, que le Volcan El Licancabur (celui de gauche), trônant fièrement au-dessus de San Pedro, ne peut être escaladé par le côté chilien. Avec les pluies et les tremblements de terres, les mines se sont déplacées au fil du temps sans pour autant exploser. Tente l’ascension du volcan serait alors mettre sa vie en danger, par peur de poser son pieds au mauvais endroit, au mauvais moment… Il est donc fortement conseiller de ne pas sortir des sentiers battus de ce côté du pays sous peine d’exploser !

 Malgré la présence des mines encore aujourd’hui, le conflit avec l’Argentine fut réglé à la fin des années 1970. Après un tour en Amérique du Sud, le Pape Jean-Paul II demanda aux deux pays de faire le paix et de devenir pays amis (que c’est beau !). Au Sud, en Patagonie (région concernée par le conflit, ne l’oublions pas ! Le nord n’était en aucun cas concerné par tout cela), les troupes chilienne et argentine ne comptaient qu’une petite dizaine de soldats de chaque côté. On raconte que chacune des troupes aurait fait passer un chien de l’autre côté de la frontière avec un foulard blanc  autour du cou comme signe de cessez le feu (jamais ouvert). La fin de l’histoire, le conflit se serait terminé par un match de football entre les soldats devenus alors des amis. C’est beau la vie ! Hein quand même ! Si toutes guerres se déroulaient aussi pacifiquement (sans parler du nord miné !) ce serait plus facile ! Tout ça pour dire, qu’il ne faut jamais, au grand jamais s’aventurer sur ces sentiers frontaliers !

Le monde (désertiquement) merveilleux d’Atacama

C’est en quittant Chiloé, après 48 heures de trajet, une escale à Santiago, deux nuits dans le bus et une pseudo panne à Antofagasta, que je suis arrivée presque tout au nord du Chili, à San Pedro de Atacama. Plus le bus monte, plus je quitte les bosques verdoyant, la pluie, la végétation : la vie végétale tout simplement. Parce que plus on monte dans le nord plus le minéral prend sa place, tout n’est que rocaille et poussière. Je traverse des déserts, dans lesquels une petite ville minière apparait parfois à l’horizon. Sinon, rien ! Changement radical d’ambiance ! Je passe de l’humide Chiloé au désert le plus aride du monde (où j’ai tout de même pu connaître la pluie, car bien que l’on soit en été, l’hiver altiplanico, avec sa pluie et sa neige, s’est installé sur les sommets)!! Bienvenue à Atacama ! Pays des vicuñas, des ciels étoilés et des paysages ensablés ! Totalement différent mais splendide ! Ici, la culture andine est très présente, on peut voir de partout la Croix des Andes et la Bandera Wiphala (le drapeau de tous les peuples andins). L’Argentine et la Bolivie ne sont qu’à quelques kilomètres de là. Une montagne fait, par ailleur, office de frontière entre les trois pays. Bien qu’étend perdu au milieu de nulle part, le centre ville regorge d’agences et boutiques touristiques ! Le monde entier vient admirer les paysages aussi divers que variés, façonnés par les éruptions volcaniques, les salars, les dunes et les rochers. Chaque site est différent et offre à la vue des formations minérales fantastiques !!

 Commençons par le plus proche, la Valle de la Luna, située dans la Cordillera de Sal, entre la Cordillera de Domeyko et la Cordillera de Los Andes. Toute de sel vêtu, de l’argile et du sable venant de la Corillère de Domeyko recouvrent cette vallée comme un filme protecteur. Cette vallée a été renommée ainsi par un prêtre belge du nom de Gustave Le Paige,  en charge de l’église de San Pedro. Le paysage est impressionnant ! On pénètre d’abord dans un tunnel de sel fait de stalactite et de stalagmite pour déboucher sur un promontoire ultra aride. La NASA aurait fait des tests robot dans cette partie de la vallée, s’approchant le plus des reliefs de la planète Mars. En poursuivant le chemin, nous débouchons sur le cratère central, de 2km de diamètre. D’un côté, un amphithéâtre naturel, de couleur rouge, de l’autre des petits reliefs reliés par une immense dune de sable. Magnifique ! Première dune de sable que je vois en vrai de vrai ! (Vous le trouvez où tout ce sable là ?) Fantastique ! En continuant, on tombe nez à nez avec d’anciennes mines de sel exploitées jusque dans les années 1980. Les maisons sont faites… En brique de sel, facile d’utilisation, la brique de sel n’a besoin que d’eau pour se colmater.  Pratique !! Dans cette région, seule cette partie de la cordillère est exploitée. Bien que regorgeant de sel de part et d’autre dû à l’activité volcaniques, les salars des alentours ne sont pas exploitables à cause de leur grande concentration en arsenic lié à l’activité minière.  Ne possédant pas d’iode (apparemment mauvais pour la santé), les mines de sel furent peu à peu délaissées jusqu’à leur fermeture complète lors de la classification au Patrimoine Mondial. Incroyable endroit !

Un peu plus loin, de l’autre côté de San Pedro, on trouve un salar, la Laguna Chaxa, sur lequel pataugent paisiblement les flamands roses (deux espèces sur les quatre vivant au Chili sont présentes). Un beau spectacle s’offre à nous lorsque ceux-ci passent dans le ciel en volant. En poursuivant la route pour arriver à un endroit atteignant 4500m d’altitude, changement de décor ! Me voici maintenant face aux Lagos Altiplanicos ! Un bleu clair transparent, des montagnes et, des animaux ! Fantastique ! On peut croiser les chemins des vicuñas, broutant l’herbe rase des ‘’prairies’’. Cette espèce fait partie de la famille des camélidés, tout comme le llama, l’alpaga ou le guanaco, à la différence d’être sauvage, tout comme les guanacos. On la retrouve à une certaine altitude, à partir de 4000m d’altitude, plus bas, ce sont les guanacos qui parcourent étendues désertiques. D’ailleurs, pour résister au manque d’eau, ces petits camélidés possèdent deux estomacs afin de pouvoir stocker une plus grande quantité d’eau. Pas bête  la bête ! Par miracle, un petit zorro (non pas celui possédant un masque et une épée, mais bien un renard) croise notre chemin, pour le plus grand bonheur des yeux ! Les hauts plateaux regorgent de faune sauvage !! C’est génial !

Mais, là ne s’arrête pas les découvertes ! En prenant la route pour quitter les pistes bien courues par les cars de touristes, on s’enfonce dans le désert profond. Un désert que seuls les conducteurs les plus aguerris peuvent se permettre de traverser sans risque de se perdre ! Ici, le ‘’chemin’’ débutent par les Monjes de Pacana, des formations rocheuses appelées bombes pyroclastiques éjectées du fin fond de la caldera (volcan possédant un cratère de plus d’un kilomètre carré) lors de sa dernière éruption il y a plus de sept million d’années (quand même !). Ces gros cailloux font également office de baños ‘’ultra-secos’’ dans un endroit où rien ne permet de se cacher pour faire ses commissions. Bref.

Le trajet se poursuit en remontant les dunes de sables pour enfin déboucher sur le Salar de Tara ! Petit oasis perdu au milieu de nulle part. De la ‘’verdure’’, de l’eau et des oiseaux ! Magnifique ! Ici, quelques flamands et foulques géants grattent le fond de la lagune pour trouver de quoi se nourrir. Sur les berges, on peut voir les petits terriers des chululos, sortent de micro-marmotte ou de grosse taupe (tout dépend de ce que l’on préfère). Trop chouchounou ! Increible !

C’est fou ! A quelques centaines de kilomètres de distance (ce qui n’est rien ici !) les paysages changent du tout au tout ! La sécheresse, le sel, les couleurs, les montagnes, les lacs et les animaux font de cet endroit un havre de beauté qui n’attend rien d’autre que d’être protéger et admirer…

Réflexion : La Vie en Dortoir

Voilà presque quatre mois que je suis partie, quatre mois au cours desquels j’ai vécu et vis encore une expérience inoubliable la nuit : la vie en dortoir. Et ça, ce n’est pas rien ! Pour des raisons de finance, le dortoir est la solution inévitable : pratique et économique ! Partager une chambre avec deux, trois, quatre, six personnes pour dormir. Dormir… Quel beau mot ! Les premiers mois, pas de soucis, dormir dans des lits superposés est une routine. Aucun problème, au contraire ! Cela permet de rencontrer des gens, de blablater du jour passé avec ses colocataires, de partager ses expériences et bons plans de voyage. Puis, plus les semaines passent plus la vie en dortoir devient, comment dire, peu confortable ! Peut m’importe de partager baños et salle de bain mais dormir dans la même pièce que six autres personnes, ça je commence à n’en plus pouvoir. Encore si les gens respectaient le sommeil des autres là, je dis oui ! Magnifique ! Mais, la réalité des dortoirs est tout autre ! Les gens adorent rentrer tard en allumant la lumière, peu importe l’heure et les dormeurs. Tout en parlant, en chuchotant ? Non, non, ce serait trop beau en parlant haut et fort pour montrer qu’ils arrivent. Une des choses préférées du dortoireur est aussi de faire son sac tard le soir ou très tôt le matin en remuant ses sacs plastiques (lumière allumée, bien entendue !). Le dortoireur parle (très très fort), ronfle (très fort) et, pète (fort) pour le plus grand bonheur des autres dormeurs. Je râle, je sais mais, si vous saviez… Rien que l’idée de dormir seule sans personne me procure une joie incroyable ! Au diable les ronfleurs, les parleurs et les allumeurs de lampe ! Vive les chambres uniques, le noir et la tranquilité! Ah ! Mon petit lit douillet, j’ai hâte de te retrouver dans le silence et la quiétée (c’est comme la quiétude mais juste pour la rîme)!

Noël en Hémisphère Sud

Ah Noël ! Noël et ses prairies enneigées ! Noël et sa buche glacée ! Noël et son feu de cheminée ! Noël et ses repas de famille à l’ambiance parfois glacée (comme la buche) ! Noël et le papier cadeau déchiré et froissé ! Noël, Noël, Noël ! Qu’on l’aime ou pas, à chaque fin d’année, Noël est bien là ! Et cette année, avec ce voyage, c’est l’année des ‘’premières’’. Et l’une des ‘’première-première’’ est bien de fêter noël dans l’hémisphère sud, sans  famille et sans amis (ça fait tout de suite très dramatique), sans froid, sans hiver, sans rien de connu ! Cette année je fête noël avec du soleil (et de la pluie car, je suis à Chiloé tout de même), avec des cerises, avec l’été,  sa chaleur et ses jours durant de 6h30 à 22h, et pour finir avec une famille franco-chilienne ! Si ça ce n’est pas du changement ! Toutes ces choses font que je ne me sens aucunement en décembre et encore moins à Noël. Et ça ! C’est vraiment génial !! Les façades décorées de guirlandes, de sapins clignotants ou de père noël essayent tant bien que mal de me le rappeler mais, rien à faire ! L’âme de Navidad n’est pas avec moi !  Ici règnent les mêmes traditions (presque jusqu’à la dinde au marrons !). Les papillotes sont remplacées par du Turone et, la buche par un ‘’dulce de pasqua’’. A part ça, tout pareille ! Les gens arpentent les magasins en quête de l’ultime cadeau pour mamie-tonton-Pierre-Paul-ou-Jacques. Au devant des étalages : maillot de bain, jeux pour la piscine, barbecue et hamac. L’été, quoi ! N’ayant jamais été fascinée par la magie de noël, je suis très contente de changer totalement d’ambiance. Avec Jean-Christophe, nous somme fin prêts pour ces festivités sudistes ! Pas de pull en laine, de gros collant et de bonnet vissé sur le front : short et débardeur feront l’affaire ! Bien que nous changeons totalement d’univers, qu’on se rassure l’ambiance familiale plutôt fraiche est au rendez-vous. Que l’on soit en France, au Chili ou ailleurs, la petite tension du 24, disparaissant le soir du 25 est bien présente ! Car, que serait Noël sans son traditionnel condensé familial qui ranime les petites ou grandes rancœurs du passé ?! Avec un repas ou chacun se tait par peur de faire exploser la cocotte minute sifflant depuis des années. Ça quasiment personne ne peut y échapper ! Mais, bien que n’aimant pas Noël et bien, un petit repas en famille m’aurait presque manqué ! Eh oui ! Même si j’étais entourée, petit pincement au cœur de la voyageuse fêtant Noël loin de tout (le monde) ! Heureusement, il arrive parfois de belles surprises par la Poste et miraculeusement par le Correo Chilien qui vous apportent un petit moment de douceur familiale et chocolatée (surtout !). De quoi ravir les papilles ardéchoises avec un tube Clément Faugier, et combler le manque de la chocolatophile  que je suis !

Ce Noël ne fut pas un Noël pas comme les autres! Je remercie chaleureusement mes hôtes pour m'avoir fait partager ce moment avec eux! Toutes les bonnes choses ayant une fin, sac sur le dos, je m’en vais fêter la Nouvelle Année au nord, dans le Désert d’Atacama ! Changement garanti pour un nouvel an désertique !

Deux cents ans d'histoire: retour sur la Terre de Feu

Connaissez vous l’histoire du peuple des Selk’nam, vivant autrefois en Terre de Feu ? Bien qu’avec Jean-Christophe nous n’ayons pas mis les pieds sur la Fin du Monde, nous avons croisé au détour d’un étal de nombreuse carte postale sur ces peuples. De quoi attiser notre curiosité sur leur histoire. Une bien triste histoire…

Avant d’être occupée par de grosses estancias, la Terre de Feu était peuplée par les Fueguinos, un peuple vivant sur le continent, et les iles des alentours. Leurs ancêtres auraient posé le pied sur ce bout de terre il y a près de 13 000 ans. Au sein de ce peuple nomade, il y avaient quatre tribus distinctes, les Yamanas, les Kawésqar, les Haush et les Selk’nam. Les deux premières vivant près des côtes, au Sud jusqu'au cap Horn pour les Yagans et à l’Ouest de la Terre de Feu jusqu’au golf des Peines dans la région d’Aysen pour les Kawésqar. Les Haush occupaient la pointe Est, sur la péninsule Mitre. Tous, se déplaçant en canoë, vivant de pêche et de cueillette, et allumant un feu pour se réchauffer. C’est d’ailleurs par cette pratique que l’on doit le nom ‘’Terre de Feu’’ à cette partie du continent. Les Selk’nam, eux, vivaient à l’intérieur des terres. Ils avaient pour habitude d’aller chasser des guanacos par-ci, par-là ainsi que du petit gibier afin de se nourrir et de survivre aux conditions extrêmes de la Patagonie Australe !

Tous ces peuples étaient méprisés par les marins, les conquistadores et autres envahisseurs. Darwin, lui-même, un des grands explorateurs de l’Amérique du Sud, aurait un jour déclaré ‘’c’étaient les créatures les plus abjectes et misérables jamais contemplées’’. On est loin, bien, bien loin de la tolérance envers une autre culture. Mais, cette terrible considération ne s’arrête pas à des mots. Malheureusement… En 1830, un commandant captura un Yamana et trois Kawésqar afin de les présenter aux royautés européennes, un peu comme un trophée de chasse, témoignant de son ‘’pouvoir de gros blanc’’ sur des peuples jugés inférieurs. L’expansion de la colonisation étant gênée par ces tribus qui n’avaient rien demandé à personnes, des mesures horriblement drastiques furent entreprises. Là commence le génocide des Fueguinos, encore peu connu aujourd’hui. A la fin du XVIIème siècle, les chasseurs de phoques procédèrent à un abattage massif, de ce qui était la base alimentaire des Indiens. Puis, les éleveurs d’ovins débarquèrent dans la seconde moitié du XIXème siècle. Se sentant chez eux partout, ils installèrent leur immense estancia sans se soucier de l’appartenance des terres qu’ils occupaient. Le pays se vit ainsi clôturer de part en part, par d’interminables barrières de barbelé (va savoir s’il existait déjà du barbelé et du grillage à moutons, c’est, en tout cas, qu’il en est aujourd’hui pour les clôtures des estancias). Un choc pour les Selk’nam qui s’étaient toujours déplacé librement sur ces terres n’appartenant à personne. Etrangers à cette idée de (fausse) propriété, ils se mirent donc à chasser le mouton comme ils le faisaient auparavant avec les guanacos. Les colons, agacés de voir leur troupeau disséminé par des ‘’étrangers’’, renommèrent les Selk’nam ‘’voleur de bétails’’. Un comble pour des ‘’voleurs de terres’’ ! L’année 1879 sonna le glas pour ces tribus. Le gouvernement d’Argentine se lança dans la Guerre du Désert. Un massacre orchestré par les tenanciers des estancias et des mines. Contrôlant les élevages, ils embauchèrent des tueurs professionnels afin d’éradiquer les Fueguinos. Chaque tête (enfant, femme, homme, vieillard confondus) était rémunérée. Pour une oreille : une livre sterling ! Pour un organe attestant de la mort d’un indien : deux livres sterling ! Qui dit mieux ? Qui dit mieux à cette boucherie humaine organisée par un gouvernement ?! Qui dit mieux qu’un génocide ? Un génocide qui ‘’permit’’ d’asseoir la domination blanche sur les terres sud américaines. Un génocide qui fit disparaitre des milliers des personnes, des traditions ancestrales, des cultures…

Certains Kawésqar furent enlevés par un chasseur de phoques et exhibés tels des animaux dans les zoos humains dont raffolaient les cours mondaines du XIXème siècle ! ‘’Diantre Jean-Edouard ! Regardez moi ces cannibales qui ont envahi les terres de notre cousin Pierre-Auguste!’’ Parce que ‘’Cannibale’’ ils étaient renommés… Les quatre Kawésqar qui survécurent à cette infamie furent finalement ramenés chez eux. Leur corps, rappatriés en Suisse en 2008, furent inhumé en sur l’île de Karukinka, proche de Punta Arenas, en présence de Michelle Bachelet, l’ancienne présidente tout juste déchue de son poste.

Enfin, ceux qui survécurent aux massacres n’échappèrent pas aux maladies ramenées par les européens. L’isolement et les maladies inconnues eurent raison de ces peuples. Aujourd’hui, il n’y a plus de Selk’nam. La dernière Yamana s’est éteinte en 2011. Quant aux Kawésqar, ils sont aujourd’hui métissés. Le XIXème reste un siècle noire pour la Terre de Feu. Un siècle de génocide et d’ignominies. Mais, le passé ne sert pas de leçon, ce n’est malheureusement pas le dernier génocide. Encore aujourd’hui, l’extinction ou plutôt l’éradication de peuple perdure. Peut-être qu’un jour on arrêtera d’être con ! Et ce jour là, on se rendra compte la différence est une richesse sans limites. En attendant, n’hésitons pas à voyager, à s’ouvrir aux autres que ce soit quelqu’un de l’autre bout de la planète ou son voisin, il y aura toujours de belles choses à apprendre !

On l'appelle Patagonie

Cela fait maintenant 15 jours que nous vadrouillons en Patagonie chiliennes. Quinze petits jours qui paraissent des mois tant les journées sont riches et remplies d’aventures et de découvertes. Futaleufu, Puyuhuapi, Coyhaique, Cerro Castillo, Puerto Rio Tranquilo, des villes et villages aux douces sonorités, qui nous auront fait voyager dans des univers différents et fantastiques. Tous reliés par la force de notre pouce, bravant la poussière de la Carretera. Parce que la Patagonie n’est pas faites que de paysages splendides, elle est maintenant associée à des dizaines de visages croisés sur les routes, des visages et des personnes qui nous ont permis de joindre tous ces villages. Des visages et des personnes qui nous ont partagé un bout de leur vie, le temps d’un trajet. Des dizaines de vie croisées toutes reliées par les pistes escarpées de la Patagonie chilienne. Futaleufu ou la Mecque du Kayak, Puyuhuapi et sa brume marine, Coyhaique et son université-auberge de jeunesse, Puerto Rio Tranquilo ses vallées glacières et ses chapelles de marbre, Puerto Chacabuco et son terminal improvisé en auberge... Tant d’images, tant de paysages et tant de visages! Des villages et des noms que l’on aura appris à connaitre: Fabio, Patrick, Milcha, Alejandro, Paz, Valentina, Sofia, Nancy, Santiago, Pedro, Nathanael, Chiara, Fidel, Diego, Beatriz, Kimo, Deny, Isabelle, etc., etc. Merci! Vous nous avez permis de voyager à travers toutes ces étendues fleuries, au-dessus de rios, en-dessous de glaciers, le long des lacs et au-travers des forêts. Nous repartons en bateau jusqu’à Puerto Montt pour ensuite continuer nos routes chacune de notre côté. Des images et des visages qui restent dans nos têtes! Décidément, on ne peut rien y faire! La Patagonie marque définitivement les esprits!

 

Réflexion : Rentrer.

Cela fait aujourd'hui trois mois (trois mois?) que je suis partie et, dans un peu plus d'un mois je rentre. Il m’aura fallut prendre cette décision pour profiter de mon voyage à fond. En vivant chaque instant. En étant présente physiquement et surtout ‘’mentalement’’. Car quoi de plus inconfortable que d’être dans des lieux magnifiques sans en profiter car son cerveau tourne en boucle. A un moment, je suis arrivée à un point extrême en mettant en place un système des 3/8 (désuet, n’est-ce pas?) histoire que la machine puisse tourner en permanence, la nuit, le matin, la journée. Un relais de neurones pour réfléchir en continu. Une véritable industrie cérébrale qui fini par faire exploser la machine. Alors dans ces conditions de travail éreintante pour les pauvres petits neurones, il faut parfois prendre des mesures drastiques, fermer l’équipe de nuit, et de jour. Remodeler la machine cérébrale, ralentir le rythme. En bref, travailler moins pour profiter plus! Le rêve!! Quelques petites questions par-ci, par-là entrecoupée de vacances quotidiennes! Les 35h mensuelles pour le plus grand bonheur des méninges! Alors c’est sûr, une telle décision n’est pas facile à prendre car cela modifie toute la structure. Un véritable chamboulement lorsque l’on fonctionne avec un vieux système depuis des années et des années. Mais au final, n’est-ce pas le plus important? Respecter la vie privée des neurones pour se respecter soi?! Au diable les ‘’on va être déçu si je rentre plus tôt’’, les ‘’si ca se passe mieux après’’, et les ‘’si je reste, je suis quelqu’un qui fait quelque chose’’. Foutaise! Si je rentre je me respecte! Rester pour la gloire de rester longtemps est aussi bête que de rester chez soi par peur qu’un frigo nous tombe sur la tête. Alors voilà c’est décidé, en janvier je rentre en France. Remplie d’expériences incroyables, belles ou pas forcément faciles mais, qui finissent toujours par donner quelque chose de beau. La seule fois ou - par + fais +! Je n’ai pas pu faire mon projet initial car la réalité sur place est totalement différente de l’idée que je m’étais faite en France. Il m’aura d’abord fallu apprendre à voyager toute seule avant de pouvoir me lancer sur la route du projet. Je me suis rendue compte que, sous mes airs d’indépendante +++ en France, j’ai besoin de partager les choses avec des gens pour qu’elles soient encore plus incroyables! Besoin de parler, de rigoler, de se retrouver, de manger, de ne rien faire, de marcher en silence: l’amour de la rencontre et du partage bon sang!! Comme dirait Ottis ‘’la vie c’est avant tout des rencontres’’. Je ne remettrais pas la phrase de ce cher Alexander Supertramp mais vous aurez compris le message. Depuis que j’ai une date buttoir, je profite de tous ces petits et grands moments de vie! Et je vous assure, ça fait un bien fou! C’est la fête tous les jours dans la tour cérébrale! Neurone’s party in the brain! C’est donc sans regret que je quitterai cette belle Amérique du sud, qui m’aura fait vivre des choses incroyables et qui, surtout, m’aura fait grandir. En attendant, ‘’me voy disfrutar de la pura vida’’, en espérant que tout le monde puisse un jour s’autoriser les 35h mensuelles...!

 

La Patagonie chilienne : la nature à l’état pur!

Après près de quatre jours passés dans des bus, soit plus de 50 heures assise à regarder les paysages, nous avons, avec Jean-Christophe, quitté l’Argentine pour retrouver les routes chiliennes. Petit soupir de nostalgie pour nous deux qui avons tant apprécié la Patagonie Argentinoise et les personnes rencontrées (j’ai d’ailleurs oublié de mentionner que pendant ces 10 jours passés, Jean-Christophe s’était liée d'amitié avec Prune, une sac-à-dose baroudeuse de l’extrême). Mais la solitude n’aura pas durer longtemps car à peine débarquer nous retrouvons une amie connue lors des premiers jours à Santiago. Quel bonheur de poser le pied au sol et de voir quelqu’un de familier sur le quai! De là, l’aventure en terre inconnue commence! A nous la Patagonie chilienne et sa Carratera Austral, une route aussi mythique que sa voisine la Ruta 40, si ce n'est un poil plus aventurière. De ce côté de la Cordillère il n’y a quasiment rien (mais pas le même rien qu'en Argentine)! De la ''jungle'' et quelques villages par-ci par-là reliés par cette fameuse route. Sa construction démarre en 1976 sous Pinochet. De Puerto Montt jusqu’à Villa O’Higgins, la Carratera Austral prolonge la Panamericana qui débute tout au nord en Alaska. Mais, la Carratera n’est pas une route comme les autres, ça non! Sous des airs d’Indiana Jones, elle passe aux travers de bois impénétrables en évitant lianes et bambous, se fraye un chemin entre les hautes falaises des fjords, relie les vallées perdues, traverse les torrents des montagnes et surpasse même les cendres des volcans!

Une route qui vaut son pesant d’aventures et de rebondissements! Parce que oui, sur la Carratera Austral, les pneus rebondissent sur les cailloux des pistes tortueuses! Quelques passages sont asphaltés mais, les nids de poule et la poussière restent majoritaires! Ici, il est rare de rouler à plus de 60km/h sous peine de voir sa carrosserie s’ébranler sous les coups des graviers... C’est pourquoi il nous aura fallut une petite dizaine d'heures pour parcourir les 189km reliant Puerto Montt à Chaiten (une broutille!). Mais, peu importe les heures lorsque le trajet est entrecoupé de passage sur ferry le temps de traverser les fjords que la Carratera n’a pu dompté. Splendide! Une eau bleue magnifique, des montagnes et des glaciers de chaque côté, d’où s’échappent des cascades. Quelques pélicans et cormorans se délectant de poissons et des lions de mers regardant les bateaux passer. Le tout couronné par un petit bonus condor venu saluer les passagers! Pas mal non?!

En sortant du bus, nous atterrissons à Chaiten, port de mer (au sens propre comme figuré), petite ville renaissant peu à peu de ces cendres. En 2008 les habitants furent réveillés par la bronchite du volcan Chaiten. En sommeil depuis plus de 10000 ans, le volcan est entré en éruption recrachant des cendres et de la fumée s’élevant à plus de 30km d’altitude. Tout le Parque Pumalin et les villes des alentours furent recouverts de cendres. A cause des nuées ardentes et des coulées de boue, le village de Chaiten fut évacué. Pendant près de 2 ans la ville sinistrée fut formellement interdite. Mais le courage et la volonté des valeureux habitants leur permirent de remettre à neuf leur village et de refuser la proposition de l’Etat de déplacer la ville à  une douzaine de kilomètre. Aujourd’hui les marques du sinistre sont toujours présentes mais la ville semble reprendre des couleurs! Elle est maintenant une porte d’entrée pour tous les baroudeurs souhaitant découvrir les pistes escarpées de la Carratera Austral.. Peu importe le côté de la Cordillère duquel on se trouve, la Patagonie regorge de surprise pour les amoureux de nature et surtout pour le plaisir des yeux...!

Il était une fois, El Glaciar Perito Moreno

En quittant les montagnes d'El Chalten, nous avons repris les routes de la Platagonie, en traversant des déserts de steppes. Par la fenêtre du bus, quelques guanacos par-ci par-là. Les plaines sont parcourues par des kilomètres et des kilomètres de clotûres délimitant les immenses parcelles des estancias. Dessus, on peut parfois y voir des carcasses de montons encastrées. Charmant n'est-ce pas?! En rejoignant la Ruta 40, le bus débouche enfin sur une petite ville: El Calafate, port de mer. Rien à des kilomètres à la ronde. Depuis la gare de bus impression d'être dans un No Man's Land. Et pourtant, en descendant dans le centre, la ville ''grouille'' de monde, la rue principale est remplie de magasins souvenirs et autres chocolateries pour les fins de journées. Bienvenue à El Calafate, bienvenue à Touristeland, bienvenue à la Porte d'entrée du Parque Nacional de Los Glaciares! Un parc national où la glace à fait son refuge! Et quelle glace! Ce n'est qu'à quelques dizaines de kilomètre de là que se trouve le grand, le magnifique, que dis-je? Le spectaculaire Glaciar Perito Moreno! Une ''petite'' merveille de la nature gelée! Son avancée lui vaut une renommée mondiale!! Parce que oui, le Perito Moreno avance!! Et d'une moyenne de 2m par jour (et ça, ce n'est pas rien!)! Incroyable! En 2010, la glace a touché la péninsule ce qui lui a permit un certain équilibre dans sa progression. Pas de recul, ni d'avancée spectaculaire. Lorsque l'on se retrouve en face, on se sent vraiment tout petit! La barrière de glace varie entre 50 et 70 metres de hauteurs et s'étend sur près de 5km de large en débouchant sur le Lago Argentino. En tout, le Perito Moreno occupe 254km2, entièrement de glace! C'est énorme, mais ce n'est rien face a son voisin le Glacier Viedma (beaucoup moins accessible) qui s'étale sur 961km2, glacier qu'aura plus contempler ma compagnone de route, non sans émotion! Vraiment impressionnant tout ça!

Ici, à El Calafate, nous, touristes du monde entier, déambulons sur les passerelles pour admirer la muraille de glace sous toutes ses coutures. Les couleurs sont éclatantes! On passe du blanc pur à un camaïeu de bleu variant selon les crevasses! D'ailleurs, pourquoi les glaciers sont-ils bleus? Selon Le Vieux Papi Routard, lorsque la glace n'est pas compactée, elle laisse passer des bulles d'air où les grandes longueurs d'ondes se faufilent à travers et restent blanche. À l'inverse, lorsque la glace est compacte, seuls les rayons bleus (d'ondes courtes) passent et donnent ces teintes bleutées. Une explication rapide pour, une histoire de longueur d'onde plus complexe résultant des lois de la Physique. À creuser..!

 

Sous l'effet de son avancée, il n'est pas rare qu'une parois de glace se détache du Perito Moreno et tombe dans l'eau du lac. Il parait que des colonnes de glace haute comme un immeuble de douze étages (pour une comparaison urbaine), s'écroule d'un seul coup. Je n'ai pas assister à un tel spectacle mais, rien qu'en voyant des ''petits'' bouts glaces tomber dans l'eau, le spectacle est impressionnant! Le craquement de la glace et le choc avec l'eau produisent un son proche de celui d'un orage!! Sensations fortes garanties! Nous restons tous bouche bée face à ce géant de glace en action. Magnifique!! Incroyable! Splendide! Cette dernière étape patagonne vaut vraiment le détour!

C'est en quittant doucement la Patagonie, à raison de 27 heures de bus pour rejoindre Bariloche que, face à ces plaines, face à ces montagnes et ces étendues de glace, je me suis rendue compte que j'avais réalisé un de mes rêves de grande enfant : me retrouver face a l'immensité de la nature de la Patagonie Argentine. Des images qui resteront gravées dans ma tête tant elles sont belles et impressionnantes! Merci Madame La Terre pour tout ce que vous avez façonné aux fils de ces longues années! Je m'en souviendrais pour les années à venir, c'est sûr! Merci!

Réflexion : La politesse en voyage nuit votre santé et à celle d'autrui

Au cours de ces dernières semaines de voyage, nous, ma copine montagnarde de voyage et moi, nous sommes rendues compte d'une bien triste chose... Les gens ne sont plus très polis. Et quand je parle des gens, ce ne sont pas les argentins qui sont d'un accueil adorable, mais les autres voyageurs. Que ce soit dans les chambres en auberge de jeunesse, dans la cuisine, ou sur les sentiers, les gens ne sont pas très ouverts aux salutations. Et là où nous étions, haut fief des randonneurs et de l'amour de la nature, nous étions à mille lieu de nous imaginer cela. Mais... Les règles de courtoisies ont été totalement bafouées! Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu'en montagne nous avons pris vent sur vent (je ne parle pas des rafales patagonnes) avec nos nombreux ''Bonjour'' restés sans réponses. En montagne, tout de même!! Peut on y croire?! Lieu où chaque randonneur savoure la chance qu'il a de marcher dans un lieu extraordinaire, un endroit où le bonheur se partage par un bonjour, sourire aux lèvres, sac sur le dos, chaussures aux pieds! Ici, c'est la désolation! Peut-être une réponse sur vingt... Les gens passent tête baisée, en tirant la tronche ou en ignorant totalement l'autre en face. Ils rentrent dans la cuisine sans un mot et s'en vont s'en un regard. Alors certes ces lieux sont touristiques mais quand même!! Ce n'est pas parce que l'on est touriste qu'il faut rester dans sa petite bulle, voyons! Voilà un bien triste constat que le lien avec les autres se perd petit à petit. Nous nous retrouvons tout seul au milieu d'une foule de gens tout seul. Plus de partage, plus de communication, plus d'échange. (Presque) tous la tête baissée sur un écran. Car, quoi de mieux que de partager une photo de là où l'on a été en attendant de recevoir le plus de like possible? Le Saint Graal de la réussite de son voyage.. Alors oui, je peux paraitre rabats joie et même vieille France acariâtre des smartphones ou tablettes utilisés à outrances. J'assume! Car c'est un peu triste de vivre dans un monde sans communication et sans partage. Alors, coûte que coûte, je continuerai à saluer les gens en montagne, à dire bonjour à quelqu'un qui se trouve dans la pièce dans laquelle je rentre, à papoter avec mes voisins de chambre. Coûte que coûte, je continuerais à partager avec les gens en vrai, en direct live. Coûte que coûte! Jusqu'à ce que le bonjour-merci-aurevoir redevienne une pratique courante, même (et surtout!) lorsqu'il s'agit de l'inconnu! Pour sûr, le bonjour vaincra! Vive la communication, vive les salutations et vive l'esperance!

Le Paradis s'appelle El Chalten

Sur un coup de tête nous avons décidé avec Jean-Christophe de partir découvrir la Patagonie, la vraie, celle que l’on imagine dans nos têtes, celle dont on rêve. Direction : El Chalten ! Au sud, beaucoup plus au sud. Pour cela, petit périple de 24 heures de bus, avec une escale à Perito Moreno (la ville, à ne pas confondre avec THE glacier !). Premier bus, bus de compétition, où il n’y a que trois places par rangée au lieu de quatre. Le grand confort ! Jean-Christophe, lui, choisit une place de luxe, en se calant à côté du chauffage de la soute pour passer la nuit au chaud. En quittant les vallées boisées et fleuries des environs d’El Bolson, on se retrouve vite perdu au milieu de ‘’collines’’ de rases prairies séchées par le vent et le soleil, faites majoritairement de minéral. Tout est gris et sec. Puis, on s’enfonce dans la Patagonie, celle qui devient le domaine de prédilection de Gauchos, les cavaliers des terres rappées. Des grandes prairies d’herbes sèches, d’une platitude extrême. Immensité du rien ! S’en est presque angoissant tellement que c’est plat et tellement que l’horizon est infini. Ces déserts de prairies sont traversés par la fameuse Ruta 40 que les mochilleros (les autres qui ne prennent pas le bus) tentent de descendre ou de remonter en stop.

 

 

 

Le matin se lève enfin. Derrière les rideaux, un splendide spectacle s’offre sous les yeux ! Il y certes ces fameuses prairies mais cette fois-ci, elles sont entourées par de majestueuses montagnes ! Bienvenue dans le Parque Nacional de Los Glaciares ! Bienvenue à El Chalten ! Bienvenue au paradis de la randonnée ! Avec une chance météorologique incroyable, LE Cerro Fitz Roy a quitté ses habits de nuages! Il est en chair et en caillou devant nous ! Magique ! Une arrivée en fanfare et trompette !

 

En descendant du bus, je fais la connaissance d’une française montagnarde avec qui je vais arpenter les sentiers (bien) battus aux alentours d’El Chalten ! Un véritable plaisir de marcher avec quelqu’un, de papoter le long des chemins, de camper au beau milieu d’une forêt, d’apprécier la beauté des glaciers. En bref, un véritable plaisir de partager ce que je vis et ce que je vois avec une personne! Comme dirait ce cher Christopher Johnson McCandless (alias Alexander Supertramp), vagabond d’Into The Wild : ‘’Happiness only real when shared.’’ Alors, je vous l’accorde, ça fait un peu séquence émotion en se rendant compte de l’importance des autres dans notre petite vie d’être humain, mais, en fait… C’est vraiment vrai ! Et c’est encore plus vrai lorsque l’on est en voyage ! Du partage dans un lieu extraordinaire ? Que rêver de mieux ?!

 

Ici, les condors sont plus fréquents que les pigeons (qui sont inexistants d’ailleurs). En levant la tête on peut les voir virevolter dans le ciel, entrain de prendre les ascendances pour s’élever plus haut que les sommets. Les Carpinteros Gigantes (pic punk à tête rouge, de la famille de Woody Wood Pecker) déjeunent paisiblement dans leurs arbres Gastronomiques (5 étoiles au guide Michelin patagon), sans se soucier le moindre du monde des passants qui les observent, ahuris. Monsieur Le Pic ne bouge pas une plume, trop occupé par sa besogne gastronomique. Le vent souffle à en être ‘’projeter’’ par terre (testé et approuvé), comme on dit chez nous ‘’il fait un vent à décorner les bœufs !’’. Il fait jour de 5h30 à 21h30. Et le temps change toute la journée ! Je pensais que c’était une légende Lonely Planet afin d’épater la galerie mais non. Il peut faire très chaud, pleuvoir et neigé en un laps de temps de trois heures. Décidément, la Patagonie en vaut la chandelle !

 

Ici, je ne suis pas ‘’angoissée’’ (c'est un grand mot, je sais) par l’immense platitude, mais je suis époustouflée par l’immensité des montagnes qui m’entourent ! L’immensité… On se sent tout petit face à ces rochers qui s’élèvent fièrement dans le ciel. Cerro Solo, Cerro Torre, Cerro Fitz Roy, Cerro Poincenot, Aiguille Saint-Exupéry (quand même, il fallait la noter!) etc., etc. De doux petits noms qui donnent des rêves d’alpinisme tant leur beauté est grande ! Les paysages, aussi riches que variés, sont faits de forêts et de prairies (comme la savane du Roi Lion) d’un côté, et  de hautes montagnes escarpées de l’autre. Entre chaque sommet s’étale un énorme glacier, assez crevassé, qui craque sous les rayons du soleil.  Ah ! Sacrées montagnes ! Je crois, même je suis presque sûre, que ces montagnes sont les plus belles que j’ai vues. Elles ont réussi à détrôner le Huascaran que j’avais pu admirer au Pérou. Fortiches dites donc !!

 

Ami-e-s randonneurses d’ici ou d’ailleurs, n’hésitez pas une seule seconde ! Prenez un billet d’avion (même si cela anéantira votre bilan carbone pour quelques années), une chaloupe, un vélo, un dromadaire ou un transplaneur et venez découvrir ces montagnes incroyables ! Pour sûr, la Patagonie mérite tout le mythe qui l’entoure.

Trucs Et Astuces de Wwoofing


Trucs et Astuces de Plantes

Au cours de ce fameux Wwoofing, j'ai pu apprendre un tas de choses sur les plantes et leur effets bienveillants sur le corps.
La plus utilisé est el llanten plus communément en français le plantain. Ses feuilles possèdent beaucoup de propriétés curatives. Tout d'abord, fraiches, écrasées sur la peau, elles permettent de faire passer les piqures d'insectes. En infusion, à coup de 1 litre d'infusion par jour pendant une semaine, tous maux de gorges et infections pulmonaires disparaissent.

La mosqueta roja ou cynorrhodon connue en France sous forme de confiture peut être séchée, moulue puis, dégustée sous forme d'infusion. Et croyez moi, c'est très bon! Un petit goût rappelant celui des abricot Bergeron mûr à point.

L'hipericum ou mille pertuis s'utilise sous forme d'huile. Sur la peau, l'huile, de couleur rouge, agit sur les brulures (coup de soleil ou autre). En prise direct, quelques goutes sur la langue, son pouvoir de protecteur gastrique se met en action.


Mais, tout ça n'est qu'un micro échantillon des pouvoirs incroyables des plantes. Pour les utiliser, il faut savoir les préparer.
L'huile de plante est très simple. Il suffit de mettre de les fleurs ou les feuilles (tout dépend des propriétés que vous voulez) dans un bocal en verre avec de l'huile de tournesol (moins odorante et plus neutre que l'huile d'olive). Il faut ensuite laisser le bocal bien fermé au soleil pendant 45 ou 49 jours. Arrivé au délais de macération, il faut ensuite filtrer le mélange. L'huile ainsi filtrée peut se garder un an dans un bocal en verre sans aucun problème.
Les plantes peuvent aussi macérer dans de l'alcool pour fabriquer de la tintura. Pour cela, même principe que précédemment en remplaçant l'huile par de l'alcool. Il faut ensuite laisser mélange dans le noir pendant une semaine avant de le filtrer.


Pour la crème, voici la recette. Pour fabriquer une crème d'un seul type de plante, il faut 50 gr de cire d'abeille, 400 mL d'huile et 100 mL de tintura. Il faut, dans un premier temps, faire fondre la cire au bain marie. Puis, ajouter l'huile tout en mélangeant et la tintura. Enfin, il faut mélanger sans s'arrêter pendant 15 minutes pour que le mélange soit homogène.

Petit plus, pour réaliser une crème réparatrice des mains sèches et usées ou pour soigner les coupures, il faut:
- 50 gr de cire d'abeille
- 400 mL d'aceite d'hipericum (mille-pertuis)
- 400 mL d'aceite de borraja (bourrache)
- 100 mL de tintura de malva (mauve)
Tout cela en suivant le protocole précédant.

C'est tout de même incroyable tout ce que l'on peut faire soi-même, avec du temps, des plantes et de l'amour pour la nature. Alors, à vos fourneaux! Les crèmes et autres macérats n'attendent pas!

Volontariat, Mon Amour : Le Retour

Me voici en pleine Patagonie, perdue au fin fond des montagnes proches de Lago Puelo. Et, ici, je peux dire: ça y est! J'ai rencontré le volontariat de partage, celui qui te fais vivre l'esprit communautaire à fond, en parfaite harmonie avec la nature. Un Wwoofing Into The Wild! Un lieu superbe! Une expérience hors du commun qui fait apprécier les choses simples de la vie.. Ici, nous sommes reconnectés aux autres sans connexion internet! Nous isolons des murs en torchis pour la future maison d'une famille! Nous fabriquons des crèmes pour réparer les mains usées par le temps et le labeur. Nous coupons de l'herbe et autres ronces pour le bien être du jardin. Bref, nous vivons et travaillons ensemble pour le bien de la communauté humaine. C'est beau!!

Je dis nous car, cette fois- ci il ne s'agit pas que de Jean-Christophe et moi même. Ici, c'est l'Auberge Espagnole en pleine Argentine. Ça parle anglais, français, espagnol, allemand, portugais (un peu)! Melting pot culturel, brassage des langages, partage des coutumes: l';avenir de la Société! Ah! Tout ça me donnerait presque les larmes aux yeux! Nous atteignons les sommets du vivre ensemble. Parce que oui, nous sommes unis face à  ''l'adversité'' du Wwoofing. Ici, nous vivons la vie, la vraie, à la dure en pleine nature. Conditions de vie minimales pour un retour à l'essentiel. Vivre avec l'essentiel, on y revient! Ici, nous dormons sous tente par des nuits fraiches (frôlant les 0°C), nous cuisinons à l'air libre avec des ''limitations'' pour la nourriture (plus ou moins incitées par un de nos hôtes), nous faisons les commissions dans des toilettes sèches face aux montagnes patagoniennes (classe!) et, nous nous lavons (pas) dans une douche. Pardon, je rectifie, nous avons la possibilité de descendre 1 ou 2 fois dans la semaine prendre une douche dans la maison des hôtes wwoofers. Bref, la vie, la vraie! Qu'il pleuve, qu'il vente (et ça c'est fréquent) ou qu'il gèle, nous sommes là, ensemble autour d'une tasse d'eau chaude après nos longues journées de travail. Ensemble, c'est ça qui compte! Tous dans la même fraicheur, tous avec les mêmes odeurs, tous unis dans ce dur labeur!

Alors oui, j'entends déjà certains s'exclamer: ''Mais c'est de l'exploitation! C'est n'importe quoi de profiter des volontaires comme ça!". C'est un peu vrai. Mais, autres que les divers apprentissages en travaillant, tout prend une dimension exceptionnelle. On savoure lentement une casserole d'eau tiède pour se laver dans le vent patagon, une douche devient un bonheur inimaginable, un lit est un paradis pour les songeurs, un carreaux de chocolat : le nirvana, un plaisir gustatif dont on prend le temps de savourer le goût, la texture et le fondant sur la langue. Et puis rien n'est de plus agréable que de se réveiller avec les rayons du soleil, d'entendre les oiseaux dans les bois, d'admirer le ciel étoilé ou encore de partager un beau moment autour d'un feu de bois à la nuit tombée... Tout comme la serviette éponge, chaque petite chose du quotidien devient un évènement extraordinaire! Et rien que pour ça, le volontariat vaut bien tout le froid du monde. Oui aux habits sentant la fumée! Oui aux toilettes de chats! Oui aux doigts de pieds gelés! Oui au débrousaillage des ronces au sécateur! Oui aux murs en torchis! Oui à la Patagonie, tout simplement.

Argentine : Entre contemplation et désolation

Douce Argentine aux paysages façonnés par les courbes des montagnes, par la planéité des grands lacs, par la blancheur des glaciers. De splendides étendues, aux couleurs extraordinaires, s'offrent à la vue. Le tout encerclé par monts et sommets qui apaisent le regard après ces trois semaines passée dans la platitude des champs cultivés.

Bonjour Florent Pagny, bonjour Ruta 40, bonjour Patagonie!

Ah, la Patagonie, la Magnifique!
Mais que serais-tu sans ton ‘’che’’ légendaire?

Celui qui nous fait comprendre que l’on a passé la frontière.

Fini l’espagnol chilien! Bonjour le ‘’che’’ argentin!

(D’ailleurs, que serais Ernesto Che Guevara sans son Che? Un surnom qu’il s’est vu attribué à Cuba pour son phrasé témoignant de ses origines argentines…)

Ici, La vie parait plus douce. Les gens sont moins réservés que leur voisins chiliens. On entend de la musique, les gens de parlent et sourient. Pourtant, à chaque coin du rue, l’histoire tourmentée resurgit. Au détour d’une place, j’ai pu voir, tracés sur le sol, des noms et des fichus rappelant les Mères des enfants disparus.

Eh oui, tout comme au Chili l’Argentine a connu des temps sombres qui marquent encore le quotidien. Autre que l’émigration de nombreux nazis après la Seconde Guerre Mondiale, pour qui plus de 10000 cartes d’identité ont été distribuées sous la dictature Perron, l’Argentine a également connu arrestations et disparitions. Après des années des gouvernements chaotiques, la dictature militaire est renversée en 1973 et, Perón (ancien dictateur, célèbre par les actions sociales menées par sa femme Eva) alors exilé en Espagne aux côtés de Franco et rappelé au pouvoir. Son retour est marqué par un massacre sanglant à Ezeiza opposant militants d’extrême gauche et partisans d’extrême droite. Perón décédant un an plus tard, le pouvoir est laissé à sa troisième épouse Isabel. Cette dernière est secondée par la Triple A, l’Alliance Anti-communiste Argentine, un groupe à tendance fasciste dirigée par Jose Lopez Rega. Sous son influence, les forces de gauches sont combattues, disparitions et tortures sont alors attribuées à la Triple A. Le tout est couronné par une crise économique sans précédant. L’Argentine sombre dans le chaos... On est au bord de la guerre civile! Dans ce contexte, la présidente est renversée en 1976 par l’armée, ce qui marque le début d’une des périodes les plus noires de l’histoire de l’Argentine. La Guerra Sucia commence. Le pouvoir en place emploie tous les pires moyens pour écraser les forces opposantes: les Montoneros (organisation politico-militaire de la gauche péroniste), l’ERP (l’Armée Révolutionnaire du Peuple) et autres mouvements de gauche. Un désastre pour les populations. De nombreux innocents sont tués. L’Ecole mécanique de la Marine située à Buenos Aires est un des principaux centres de tortures du pays. Une fois par semaine, un avion décollait de la capitale emportant avec lui des prisonniers pour un ultime voyage: drogués et déshabillés ils sont jetés à l’océan... Tout opposant du régime quelque soit son implication, est réprimé de manière brutale : séquestration, torture et disparitions multiples.

Ceux sont eux que l’on appelle aujourd’hui les desaparecidos. Ceux sont eux à qui se réfèrent les fichus tracés sur la place de Bariloche. Et, c’est pour eux que les femmes se rassemblaient et se rassemblent encore sur la Plaza de Mayo. Pendant 25 ans, les ‘’Folles de mai’’ défilèrent tous les jeudis soir, tournant en rond autour de la place.

Dans un texte qui a déjà plus de dix ans, Keny Arkana écrit : ‘’Ils peuvent tuer des hommes, mais ils ne tueront pas la mémoire. Les mères des disparus chantent toujours contre l’oubli. On vit le fruit d’une démocratie ratée. Dans un pays si riche, tant d’enfants ont dans le ventre qu’une tasse de Maté. Parce qu’on est dirigé par la mafia du crime. Moi j’comprends pas et quand je demande pourquoi, on me répond toujours ‘parce qu’on est en Argentine’.’’ Aujourd’hui encore, il y a des cas de disparitions comme celle de Santiago Andres Maldonado, disparu en aout 2017. Au cours d’une vague de répression conduite par la gendarmerie, et donc de manière indirecte par l’Etat, contre une campagne de protestation menée par la communauté mapuche, ce jeune militant a étrangement disparu. (Tout comme au Chili, les communautés mapuches ne sont pas acceptées...) Récemment, La Ligue Argentine des Droits de l’Homme a mis en lumière les coins d’ombre de cette disparition et, dénonce un ‘’cas pénal typique de disparition forcée de personnes, concurremment avec entrave à l’action de la justice, violation des devoirs incombant à fonctionnaire public et abus d’autorité’’. Le 18 octobre 2017, le cadavre de Santiago Andres Maldonado a été retrouvé.

Alors, une nouvelle fois : pourquoi?! Nous sommes en 2017, soit plus de 40 ans après les premières disparitions. Quels changements si ce n’est que l’Argentine est supposée être une démocratie?

Peut-être qu’un jour, les autorités des pays, tous pays confondus, se rendront comptent que la richesse d’un pays ne dépend ni du pouvoir, ni de l’argent, mais bien du peuple et de la diversité culturelle...

Réflexion: Voyager seule, Une formation continue doublée d'un apprentissage

Lorsque l’on voyage seule, la personne que l’on côtoie le plus est Soi Même. Tous les jours, toutes les heures, pour tous les moments de la journée, on se retrouve face à soi-même. Et croyez-moi, dans ces cas là (très fréquents), parler ou penser de la pluie ou du beau temps devient vite un sujet de conversation limitée. Alors, on passe la première couche de complexité de conversation en s’intéressant à ce que l’on fait, ce que l’on va faire, ce que l’on a déjà fait. On s’organise un peu avec un programme en perpétuel changements. Mais là aussi, il ne faut pas beaucoup de temps pour faire le tour de la question. Alors, plus le temps passe, plus le degré de conversation avec soi-même s’intensifie, se complexifie jusqu’à arriver à un point extrême de non retour. On épluche toutes les couches de l’oignon cérébral pour arriver au bulbe. Un point extrême pouvant parfois paraître à de la folie d’un regard extérieur. Mais, étant donné que tout se passe entre les parois de la boite crânienne, la façade reste en parfait état. Il suffit pourtant de passer la porte pour s’apercevoir qu’il règne en fait un bazard inimaginable digne des plus grands chantiers de construction. Attention, il ne s’agit pas juste de repeindre les murs et changer les rideaux. Non ! C’est un chantier plus complexe, un peu comme s’il fallait casser les murs pour refaire la plomberie et trouver la petite fuite qui fait que la maison est bancale. Et je vous assure, il faut en casser des murs. Parfois, on trouve une tache d’humidité pouvant être à l’origine du problème mais, plus on gratte, plus on remonte dans les tuyaux cérébraux. Ah ! Il faut en passer des coudes, des vannes, des bifurcations, des soudures fêlées ! D’ailleurs, une plomberie sans fuite est-elle vraiment une plomberie ? Ça, je crois qu’il est impossible d’y répondre. Ce qui est sûr, c'est que le voyage en solitaire agit comme un tsunami et soulève des torrents de questions auxquelles je reste de longs moments sans réponses. Et quand arrive la conclusion, je ne cesse de me demander quand est-ce qu’arrivera la prochaine vague, afin de préparer masque et tubas pour admirer les profondeurs sous-pensines.

Passer la Frontière

Ce 1er novembre 2017, l’abolition de ‘’l’esclavage moderne’’ fut signée, j’ai quitté les champs de salades pour passer la frontière et commencer une nouvelle vie côté argentin. Une renaissance pour le moral ! Mais autre que la libération légumière, passer une frontière n’est pas quelque chose de banal, ça non ! Passer une frontière signifie beaucoup de choses. Passer une frontière est une chose si simple pour moi. Il m’a suffit de descendre du bus, rendre ma carte d’immigration chilienne pour ensuite en avoir une nouvelle avec le visa argentin. Et pour Jean-Christophe, juste une petite radiographie pour savoir ce qu’il avait dans le ventre. Pas de papiers supplémentaires, pas de questions sur le pourquoi je rentre en Argentine, pas de délais, pas de refus pour cause d’entrée en Amérique du Sud au Chili, rien. Rien de tout ça. De simples formalités administratives, deux tampons et me voilà de l’autre côté de la frontière. Une traversée sans difficultés. Une chance que je mesure vraiment en ces temps de migrations intenses. Ce petit carnet rouge dans lequel est imprimé ‘’Nationalité : française’’ permet d’ouvrir toutes les portes sans aucun problème. Alors, pourquoi ? Pourquoi faut-il avoir ce bon petit carnet rouge ? Pourquoi faut-il avoir des papiers pour découvrir le monde et s’enrichir ? Pourquoi faut-il avoir ses papiers pour justifier que l’on existe et que l’on est quelqu’un ? Pourquoi faut-il avoir ses papiers pour prouver que l’on fuit la guerre et les massacres ? Pourquoi les autorités des pays ‘’riches et puissants’’ ne font pas grand-chose ? Pourquoi des centaines de milliers de personnes se voient l’entrée refusée après des kilomètres parcourus dans des conditions inimaginables ? Pourquoi les renvoyer lorsque l’on connait la situation de leur pays d’origine ? Pourquoi sont-elles traitées pire que des animaux, mises dans des camps de migration en attendant de savoir que faire d’elles ? Pourquoi ne pas reconnaître l’Autre venant d’un pays étranger ? Pourquoi il m’est si facile de changer de pays alors que cela est quasiment impossible pour tant d’autres ? Pourquoi ? Insignifiant pour ceux possédant le bon carnet, passer une frontière n’est pas quelque chose de banal, ça non. Beaucoup nous le diront.

"La Première Gorgée de Bière" (Bis)

Quand on est en voyage, il existe des petits riens qui embellissent le quotidien. Et, il y en a un pour moi qui ne peut être égalé par rien d’autre : se sécher avec une serviette éponge ! Un bonheur inimaginable. Ça ne parait rien comme ça, car la serviette fait partie du quotidien, au point qu’on ne la remarque plus. Et pourtant…

 

Comme toute bonne voyageuse qui se respecte, je suis partie avec une serviette microfibre, petite, pratique et fonctionnelle, elle sèche quasiment instantanément, se range comme un mouchoir de poche et ne pèse rien. Le top de la serviette de compèt’ prête à affronter vents et marées! Mais, qu’on se le dise, une serviette micro-fibre ne remplacera jamais au grand jamais une serviette éponge. Elle n’en a pas la douceur, la chaleur, la rondeur, ni la moumouterie dans laquelle on aime s’envelopper en sortant d’une douche chaude. Et puis, tout essayeur de micro-fibre sait que sa durée de vie et limitée. Non pas dans son utilité mais dans son odeur. On a beau la laver, même avec une bouteille entière de lessive, au bout d’un certain temps, il suffit de l’utiliser une fois pour qu’une odeur micro-fibrienne s’en dégage. Et je vous l’assure, ce n’est pas très chouette. Alors, pour limiter cela, à chaque auberge de jeunesse dans laquelle je reste un moment, je n’hésite pas à louer une serviette éponge. Et là, au moment de sortir de la douche, peu importe qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, une serviette moumoutée m’attend patiemment, me sèche et me réchauffe ! Ah ! Quel plaisir ! Je crois qu’il n’y a pas plus agréable ! Il faudrait considérer les serviettes éponges d’un autre œil… Ce n’est pas un banal service qu’elles nous rendent en nous séchant, c’est un condensé de douceur faisant du bien à notre petit corps !

 

Us et Coutumes Chiliennes

Dans un pays autre que le pays où l’on vit, il y a forcément des choses qui changent, des codes de sociétés différents, qu’il faut détecter et accepter. Au début, j’ai eu un peu de mal avec certains aspects mais, pour certaines choses, je les ai acceptés car, voyager, c’est changer ses repères et accepter que tout le monde ne fonctionne pas comme nous. Ici, on ne dit pas forcément Bonjour, Merci, S’il te plait ou Au Revoir. Quelle étrangeté pour moi pour qui ces mots là devraient être une devise de vie, un peu comme Liberté, Egalité, Fraternité. Comme une mamie moralisatrice, je passe mon temps à le répéter aux enfants avec qui je travaille. Parce que, pour moi, c’est la base du respect ! Alors attention, bien évidemment, cela ne concerne pas tous les chiliens et chiliennes, ce sont justes des petites choses qui m’ont fait tiquer et, sortir des mes petites manies ‘’à la française’’. Si l’on se penche sur les manières de dire bonjour, les hommes se serrent la main (un classique mondial), pour les femmes ont fait une bise (une seulement !) avec la main sur l’épaule. Bien plus rapide que les trois ou deux bises auxquelles je suis accoutumée. Mais si la personne est une personne qui nous est chère alors là, c’est carrément un abrazo, une franche accolade dirions nous en français.

 

Ensuite, ici, quand on souhaite quelque chose, par exemple dans un café ou un magasin, on n’emploie pas le conditionnel, mais, on s’affirme clairement avec un ‘’Je veux’’ sans passer par des détours de conjugaisons. Pratique! Une habitude de langage qui aurait fait rugir ma grand-mère, elle qui me répétait sans cesse ‘’il n’y a que le roi qui dit ‘je veux’ !’’.

 

Passons maintenant à table ! Ah, le repas autour d’une table, tous ensemble, pendant parfois des heures ! Une tradition vraiment française, qui parait pour le coup totalement étrange aux chiliens ! Ici, on ne mange pas forcément tous ensemble, et pas forcément tous la même chose. Les plats ne sont pas posés au milieu de la table, ça non ! Chacun se sert en dehors et ramène son assiette à sa place. Et, si l’on ne veut pas manger tout de suite mais dans une demi-heure, eh bien, qu’il en soit ainsi ! Chacun vaque à ses occupations jusqu’à ce que la faim gargouille dans le ventre. Un peu comme les Hobbits avec leurs multiples déjeuners, il y a le desayuno le matin, puis tomar once, vers 10h30-11H, puis l’almuerzo vers midi, un gouter vers 18h et la cena le soir. Le gouter et la cena peuvent très bien s’assembler car il n’est pas rare de manger des sandwichs avec du beurre et de la confiture accompagnés d’une tasse de thé ou de café pour le repas du soir.

 

Enfin, dernière pratique, que je n’accepterais jamais pour le coup, que ce soit ici ou ailleurs, ce sont les regards insistants et réflexions machistes ou sexistes dans la rue. Tout est détaillé, du haut en bas, comme un article en magasin ! Mais, nous, femmes, ne sommes pas un morceau de viande sur un barbecue, qu’on se le dise haut et fort ! En ces temps de révolutions sur la toile, à coup de #MoiAussi ou #BalanceTonPorc, il est important de le rappeler ! Ce qu’il y a de choquant, c’est que cette pratique est vraiment, vraiment courante, et que même la police (qui pour moi, bien qu’étant des êtres humains, devrait avoir un peu de retenu par sa fonction) se prête à ce petit jeu là. A chaque réflexion, sifflage, ou autre, une amie chilienne m’a conseillée de lâcher à la figure des enquiquineurs un magnifique : ‘’Qué pasa puta huevon ?’’ afin que le message soit clair et précis. Je ne traduirai pas cette phrase pour les plus sensibles, je suppose qu’elle est facilement compréhensible…

Tous ces changements et toutes ces différences d'habitudes font du voyage une mine d’or de découvertes et d’adaptations !

Volontariat, Mon Amour

 Depuis presque deux semaines, me voilà en volontariat dans une ferme pédagogique ! Ah, le volontariat ! Des moments de partages, d’entraides, de troc : le rêve ! L’avenir de la société, l’avenir du monde, que dis-je ? L’avenir de l’Humanité ! Je troque un peu de mon temps pour travailler en échange de partager des choses et vivre de belles expériences avec les gens. Sur le papier, tout ça parait très beau… En réalité, tout ça est pour le moment bien différent ! Alors, c’est vrai, c’est mon premier volontariat, il n’est en aucun cas représentatif de ce que peut-être le vrai volontariat, celui que j’idéalise, celui que je souhaiterais faire, un jour. Ici, il est plus question de travail volontaire que de volontariat travaillé. De la main d’œuvre gratuite ! Pas bête la guêpe ! Mes journées sont rythmées par 4-5h de travaille par jour, du mardi au vendredi, et presque 8-10h du samedi au dimanche. Et le lundi, un jour de presque repos !

8 heure du matin, il est temps d’enfiler ses bottes et de traverser les allées embrumées de la serre. Au programme : arrosage en tout genre, plantage de graines (courges, choux, salades, laitues, tomates, concombres, cornichons etc., etc.), repiquage de semis d’oignons et de tomates, fabrication du terreau, ramassage de légumes et plantes aromatiques pour les restaurants, et le week-end, préparation du cheval pour les visiteurs. Et parfois, en semaine, lorsque les enfants des écoles viennent visiter la ferme, j’assiste le guide en tenant la nourriture des animaux. En somme, un programme bien rempli, un retour à la terre, un peu comme Manu Larcenet, retour aux origines du jardinage quand ‘’j’aidais’’ mon père à désherber les carottes (parce que nul ne peut savoir ce qu’est le jardinage sans avoir une fois dans sa vie désherbé des carottes !).

Tout ça serait vraiment chouette si je ne travaillais pas toute seule. Une fois encore ! Je crois que le défi de ce voyage est d’apprivoiser cette solitude. Coriace la bête ! Parce qu’ici, je travaille, certes, mais c’est la seule chose qui rythme mes journées. Le matin, je reçois les instructions que j’exécute en bon petit soldat. Puis, le midi, je vais manger toute seule car j’ai une cuisine à part, à part de celle de ouvriers et à part de celle de mes hôtes. Puis, l’après-midi, je tue le temps. Alors, je sors mon meilleur allié, le dessin ! Quelque rare fois je demande à pouvoir travailler dans la maison de Don Bidule et Doña Machin-Chose (puisque c’est ainsi que les employés les appellent). Je demande pour quelques heures pas plus ! Il ne faudrait tout de même pas que l’on fasse vraiment connaissance et que l’on partage un beau moment ! J’ai déjà de la chance d’avoir une chambre en dehors de la maison, je ne vais pas me plaindre de ne rien partager, dites donc ! Puis quand l’heure a sonné, je m’en retourne à mes quartiers, patientant que le réveil sonne pour commencer une nouvelle journée.

 Ah, pas facile ! Une nouvelle épreuve de la vie sur le chemin du voyage ! Hahaha! ! Si j’étais moi, je me rebellerais, ferais la grève en exigeant une révision de la Loi Volontariat, brandirais mes pancartes en défilant dans les rangées de potirons et autres cucurbitacées, unissant cheval, chèvres et cochons pour protester contre l’exploitation. Mais, bon, je suis volontaire. Je me dévoue à la terre ! Alors, je patiente jusqu’à la fin des trois semaines minimum pour reprendre la route ! Et en attendant, je m’imagine que ces gens sont timides et que là est la raison de leur manque de communication…

Parlons peu, parlons cuisine!

Bien que Chili et Gastronomie terminent tous les deux par le son [i], on ne peut pas dire que Chili rime avec gastronomie. Alors, bien entendu, étant végétarienne, je suis assez limitée dans la découverte gustative sur une terre composée de 80% de carne mais quand même ! Pour que cela me fasse réagir c’est que, vraiment, ce n’est pas terrible. Je n’aurais jamais pensé être, un jour, en désespoir gustatif, n’étant pas une grande fan de la nourriture et de la gastronomie.

La plus part des légumes et des fruits sont en plastiques, tous brillant, tous la même forme, tous la même couleur, tous la même saveur inexistante. Bref, du 100% plastique, sponsorisé par Monsanto et autres firmes aidant les légumes à se débarrasser des insectes. J’ai trouvé, une fois, un régiment de banane ‘’organica’’, la classe non ?! Sinon, pour tous ce qui est du gros, c’est une catastrophe. Ici, toutes les farines sont fortifiées avec des E-quelque-chose, des Niacina-Tiamina-Ribo-Flavina. L’huile de Palme est, sans hésitation, hydrogénée. Le café est en poudre lyophilisée. Pas de café en grain ou moulu!

Etrange quand on sait que l’Amérique du Sud est un des plus grand producteur de café dans le monde ! Comme le chocolat ou la quinoa, le café fait partie des produits de luxe que seuls les plus fortunés peuvent se procurer. Tout le reste est envoyé dans les pays, grands consommateurs de ces denrées, comme les pays européens.

Même les jus de fruits sont en poudre (pas tous bien évidemment ! mais, ceux que les gens vivant au Chili achètent, si !). Ici, les sodas sont les rois ! Enfin, le sommet de l’industrie alimentaire est couronné par Coca-Cola qui détient à peu près tout ! Et quand je dis tout, c’est tout, même l’eau en bouteille est cocacolisée !

Quand même, je dois dire que lorsque j’étais sur Chiloé, les choses avaient du goût, les pommes de terre étaient des vraies pommes de terre et le queso n’était pas en plastique!! Et ça, ce n'est pas rien! Et où je suis actuellement, j’ai pu gouter des vrais légumes organicos ! Et puis, il existe bien quelques spécialités goûtues comme : la papa rellena, de la purée de pomme de terre fourrée aux légumes ; la sopaipilla, galette (ou beignet) de courge frite, servie avec du pebre (salade de tomates, oignons, persil, citron) ou, plus classique les empanadas vegetarianas ou au queso. Ce qu’il y a de sûr, c’est que manger dans les marchés ou dans la rue, c’est largement meilleur que faire ses courses dans les hyper-marchés… !

Pour toute cette gastronomie plastico-fantastique, une petite chanson inspirée par un ‘’grand’’ chanteur de salle de bain.

Elle est où la saveur, elle est où ?

Elle est où ?

Elle est où la saveur, elle est où ?

Elle est où ?

 

J’ai vu des concombres, j’ai vu des tomates

J’attendais de trouver mieux

J’ai fait la queue pour des légumes en boites

Je n’ai pas vu mieux.

Au cours des repas, j’ai fait semblant

De trouver ça bon

J’ai fait la grève, c’est vrai, pour avoir faim,

Ouais,

Je croyais me nourrir, mais

Y a tous ces repas sans carottes,

Quand il n’y a que des œufs et du pain.

C’est dimanche soir, sous la flotte,

Au marché, du queso dans la main,

Essayant de retrouver des carottes,

Sans pesticides, ni rien.

Alors, je me rappelle le son des Cocottes

Et la cuisine des dimanches matins.

 

Mais,

Il est où le goût, il est où ?

Il est où ?

Il est où le goût, il est où ?

Il est où ?


Réflexion : Dire Bonjour puis Au revoir n'est pas chose facile

Ça y est, avec Jean-Christophe, nous avons dis au revoir à Chiloé et, avons repris la route du voyage, direction Osorno. Et quand on reprend la route, le cerveau prend le temps de penser (et je vous assure qu'en 6h de bus, il en passe des pensées!)

Quand on voyage tout seul, il faut tout faire tout seul et une des choses la moins évidente est de dire Bonjour puis Au revoir. Ça ne parait rien comme ça, juste deux petits mots qu'on nous apprend à dire depuis qu'on est enfant. Mais en réalité, se cache derrière ces mots de politesse quelque chose de beaucoup plus fort. Dire bonjour, c'est sortir de sa coquille. Et quelle coquille! C'est aussi et surtout aller vers l'autre et le reconnaitre. Un bonjour permet d'ouvrir la porte des rencontres avec les gens. Toute seule dire bonjour, dans une langue que je ne connais pas vraiment, ce n'est pas uniquement être polie et sortir de ma coquille, c'est prendre le risque de démarrer une conversation sans arriver à comprendre l'Autre, en restant pendant quelques temps dans l'embarras de ne pas pouvoir aller plus loin qu'un simple bonjour. Et ça, pour moi ce n'est vraiment pas facile! Puis les jours passent, les bonjours se suivent et deviennent de plus en plus facile. C'est sur je ne comprends toujours pas tout mais la persévérance du bonjour m'aura permit et me permet de rencontrer et connaitre des gens.

A Chiloé grâce au bonjour j'ai pu rentrer dans un quotidien en saluant des personnes qui savaient qui j'étais, ce que je faisais, d'où je venais. Vivre chaque jour avec un peu plus de facilité. Faire partie du quotidien. Rencontrer, connaitre et partager un ptit bout de vie jusqu'à s'attacher aux gens. Et se sentir bien. Retrouver le petit cocon de confort que j'ai quitté en France. Un cocon réconfortant que je ne quitterais pour rien au monde.

Et pourtant. Plus les jours passent et plus l'Au revoir se rapproche. Même si je me sens bien, la petite flamme de bougeotte s'est rallumée, la même qui m'a poussée à prendre l'avion le 13 septembre bien que je n'en avais aucune envie. Dans ces moments, il faut à nouveau se préparer à dire au revoir pour à nouveau dire bonjour (et cette fois à des personnes que je ne connais vraiment pas). Ah! Au revoir, un mot simple mais tellement difficile à dire. Et j'en ai dit des "Au revoir" difficiles!! Ce mot est un mot qui clôture ou met en pause des moments de vie, qui tourne une page pour commencer un nouveau chapitre du voyage.
Ici, "ce n'est qu'un au revoir", s'en est certain! Il est fort probable que je retourne voir les vertes prairies de Chiloé et les saluer une nouvelle fois, en leur disant Bonjour chaleureusement...

L'île de Chiloé: Une île où il est bon de se poser

Après trois semaines de vadrouilles, je suis arrivée à Chiloé chez un ami français, vivant ici avec sa compagne chilienne. Eh bien, après trois semaines de vadrouille, il fait bon de se poser dans un endroit avec des ‘’vrais’’ gens d’ici. Rencontrer de nouvelles personnes, parler (ah quel bonheur !), dormir dans une vraie chambre, cuisiner dans une vraie cuisine, manger des vraie choses autres que du pain-avocat-tomate, découvrir la vraie vie, faire du vrai feu dans un vrai poele, construire une vraie barrière pour un vrai jardin : en somme avoir une vraie vie de ‘’routine’’ en voyage. Même Jean-Christophe a trouvé de la compagnie et s’ouvre (enfin!) en conversant avec les valises et autres boites de rangement ! Je suis soulagée !

 

Pour arriver à Castro, une petite mission bus s’impose : départ à 8h de Pucon jusqu’à Puerto Montt, 5h30 plus tard. J’ai de la chance car, je suis placée tout devant, au deuxième étage du bus, place 17. S’offre à moi une vue panoramique sur les incroyables paysages environnant ponctués de volcans et montagnes en tout genre, sans être gêner par les rideaux où les montants du bus ! La grande classe ! (mais pour cause de pluie, je n’ai pas vu la moindre chose). Puis à Puerto Montt, il faut prendre un bus jusqu’à Chiloé. Entre les deux bus, je cherche un peu de quoi me sustenter, mais… Là commence (vraiment) le terrible monde de la Carne ! Monde impénétrable pour la petite végétarienne que je suis. Autres que les gâteaux ou autres que je souhaitais m’épargner, il n’y a absolument rien de fruito-légumial ! Je prends donc le bus avec mon reste de céréales de Pucon, un véritable plaisir gustatif ! 3h plus tard, me voilà débarquée (oui, débarquée ! car le bus est monté sur un bateau pour la traversée) sur l’île de Chiloé.

Ici, il pleut quasiment tous les jours, voir tout le jour. Les près sont (très) verts parsemés de petits moutons broutant paisiblement. Cela ressemble un peu à l’Irlande ou à la Bretagne, bien que je n’y aie jamais mis les pieds ! C’est en tout as l’idée que je m’en fais. Les maisons de bord de mer toutes colorées, les palafitos, se dressent fièrement sur leurs pilotis en attendant que la marrée monte pour avoir les pieds dans l’eau.

Le paysage fjordisant est fait de grandes criques s’ouvrant sur les canaux maritimes aux bords desquels ont été construits des ports. Sur les plages abandonnées, coquillages et crustacés.. ! Une grande partie des gens sont issus de familles de pêcheurs ou pêcheurs eux-mêmes. Lorsque les bateaux arrivent, on peut voir dans le ciel un nuage de mouettes, goélands ou pélicans, guettant leur repas. En se penchant au-dessus du mur, en marrée haute, on peut aussi voir une famille de lions de mer, attendant qu’on leur lance du poisson. Il y a aussi la culture de la pomme de terre, originaire de l’île. Les pommes de terres chilotes, sont de toutes les couleurs et sont cuisinées en toutes occasions, papas fritas, papas en tortilla, papas y queso, papas con arroz, papas con huevo, etc, etc.

L’île est aussi connu pour ses églises classées au Patrimoine Mondial de l’Unesco, 16 y sont inscrites et 10 sont déclarées Monument National. Les 16 premières ont fait l’objet d’une campagne de restauration dans les années 2012-2013. Avec l’humidité, leur ossature en bois, tout comme les murs et le sol, ont connus quelques désagréments et invasions de termites. Il a donc fallu reconstruire certaines parties en respectant les modes de construction d’antan (mode de charpenterie spécial, proche dans sa conception à celle des bateaux) Toutes sont les vestiges de constructions jésuites. A sa découverte en 1553, ces derniers s’empressèrent de venir coloniser la petite île.Autre que les églises, règne ici un climat fait de légende. Les forêts, denses et impénétrables (je vous le garanti), sont propices à la naissance de créatures plus ou moins malveillantes…  Sous un ciel pluvieux, il fait bon vivre à Chiloé !

Ôde à la nature des environs Pucon

Arrivée depuis quelques temps à Pucon, la présence de la nature à porter d'oeil est un véritable bonheur. Et quelle nature! Pucon, petite ville de bord de lac, dominée par le Volcan Villarica. Un cône blanc parfait, avec un petit panache de fumée s'échappant de son sommet. Presque irréel. Un volcan tel qu'on les voit en rêve. Parfois, les nuages viennent coiffer le cratère et lui donnent une allure encore plus majestueuse. Monsieur le volcan impose par sa blancheur sur la verte campagne sortant tout juste de l'hiver.

Ensuite, il faut voir les alentours: d'immenses lacs naturels de partout, présents par l'activité volcanique. On peut se poser écouter le bruit des vagues roulant sur les plages de sables noirs. Juste le bruit des vagues, rien d'autres! Pas de camion, pas de klaxon, rien, le silence de la nature. Au-dessus, quelques glaciers recouvrent le haut des montagnes. Vraiment fantastique! Lorsqu'on s'enfonce dans les forêts, on peut aussi croiser d'immenses cascades sortant de la terre, avec des trous d'eau bleue foncée, un bleu que je n'avais encore jamais vu. Magnifique!

Et puis, il y a les arbres. Je crois que je n'en ai jamais vu d'aussi beaux, ils sont immenses! Du haut de leur dizaines de mètres, leur tronc doit faire 2-3 mètres de diamètres. Ils s'élancent vers le ciel avec de toutes petites feuilles sur chaque branche. Les rayons du soleil passant au travers viennent chatouiller le visage et réchauffer ce début de printemps. A leurs pieds, je passe un temps fou à les observer. J'ai un profond respect pour ces vieux êtres ayant parfois des centaines d'années. Imposant par leurs hauteurs, ils restent humbles et vulnérables face aux petits humains que nous sommes. Lors d'une randonnée, à  un moment, à la fin d'une côte, le chemin débouche sur une forêt de ces grands arbres. A leur pieds de la neige, beaucoup de neige et quelques bambous dépassant du tapis blanc. Moi qui pensais que les bambous ne poussaient que sur les côtes, à basse voir très basse altitude... Grave erreur, ici, plus on monte en altitude, plus il y a de bambous!

Puis, en continuant à monter, il y a d'autres arbres, les Araucarias, arbres sacrés des Mapuches, déjà présents au temps des dinosaures. Imaginez un arbre en forme de sapin avec sur le tronc et les branches des sortes d'écailles comme sur le tronc des palmiers  ou alors, comme les artichauts. Vraiment très étrange mais très beau aussi. Dans la Région IX, Région Araucania, cet arbre prend toute son importance. Mais, malgré cela, certaines firmes forestières ont décidé de les arracher pour planter de l'Eucalyptus, arbre plus rentable, qui n'a rien à faire en Amérique du Sud. Un désastre pour l'écosystème.. Il faut savoir qu'après l'eucalyptus, plus grand chose ne pousse, le sol est devenu trop acide, un peu comme les forêts de pins. Désastre également pour les réserves en eau, pour pousser l'eucalyptus pompe énormément d'eau dans les nappes phréatiques. En plus de ces impacts sur le sol, il favorise la propagation des incendies, par la sécheresse de son bois. Mais, pour contrer cette étendue des plantations d'Eucalyptus qui n'ont rien demandé, des personnes se sont rassemblées pour replanter des Araucarias, c'est notamment le cas de certains parc comme le parc privé Santuario El Cañi. Ici, l'araucaria est une véritable richesse. Certaines familles vivent en grande partie grâce aux récoltes des pignons, vers le mois de mars, la qualité des récoltes dépendant de la qualité de l'enneigement de l'hiver précédent.

Enfin, lorsque le sentier se termine, tout en haut, une vue panoramique s'offre à nous, sur les volcans enneigés des alentours. 

 

 

En dehors des arbres, il y a aussi toutes sortes d'oiseaux, autres que les ibis, aussi fréquents que les pigeons, il y en a un avec un plastron noir, les ailes marron-orange-verte, qui a deux petits éperons rouges au niveau de ses épaules, sûre qu'ils descendent des chauve-souris ou des dinosaures volants! Il y a aussi, des sortes d'aigrettes hupée, pleins de petits colibris et autre petits passereaux multicolores grimpeurs d'arbres. Je ne croise peut-être pas grand monde d'humain mais je fais la rencontre de sites naturels incroyables! De quoi remplir les boites à images de choses splendides!

Réflexion: la solitude en voyage, fléau ou avantage?

La solitude des nombres premiers = 1 = une seule personne = être toute seule.

Voyageant toute seule depuis quinze jours maintenant, je ne peux pas dire que je trouve ça folichon... Le dessin est pour le moment la seule manière d'échapper à ''l'ennui'' d'être seule. La seules choses agréables c'est de pouvoir dessiner quand je veux, le temps que je veux. Cela implique, que je peux donc aller où je veux aussi et voir ce qui me m'intéresse. Mais quand même...

Ici à Pucon, j'expérimente ce sentiment au plus profond de son sens. On touche à des sommets de la solitude. Le nec-plus-ultra de l’asociabilité.  La palme d'or du (A)Lonely Planet! A Pucon, il n'y a pas vraiment grand monde. Pour que vous puissiez vous figurer, imaginez, une station de ski, comme Briançon, en octobre-novembre. Personne! La plus part des choses sont fermées. Saison morte. Dans l'auberge, pas grand monde non plus. J'entends bien des bruits de porte des chambres voisines mais je ne vois personne. Je suis même toute seule dans un dortoir. Un comble! L'auberge n'ayant pas de cuisine, je mange, seule, dans ma chambre. Par terre, la table est mise : ma popotte, mon opinel, et une magnifique brique de lentilles précuites, agrémentées d'un peu d'huile et de sauce soja pour un semblant de salade! De la grande gastronomie! Puis vaisselle dans la salle de bain, ma serviette fait office de serviette-torchon. Petit luxe ce soir  de faire la vaisselle avec du produit vaisselle au lieu du savon pour les mains. Mais tout ça n'est que routine de voyage, ce n'est pas le pire!

Non! On sait qu'on se sent vraiment seule à un moment précis: quand du plus profond de toi te vient l'envie d'écouter Petite Marie de Francis Cabrel, que tu écoutes à fond en savourant l'accent sudouestiste de Francis. Je disais quoi... La Palme d'Or du (A)Lonely Planet!

Donc pour le moment, voyager seule ce n'est pas la joie, personne avec qui partager ce que tu vis, rencontres ultra-éphémères. Heureusement que le dessin est là! Mais en dehors de ces moments artistiques, c'est long, rapidement long, mais long tout de même! Je ne peux même pas converser avec Jean-Christophe Sacadoff! Depuis ses péripéties et son arrivée à Santiago, il est entré dans un mutisme profond et se terre dans un coin de la chambre. Il ouvre la bouche uniquement pour me donner des affaires.. Je crois qu'il file du mauvais coton, le pauvre... Et vue que parler tout seul n'est pas vraiment recommandé par le monde psychiatrique. C'est long. Je pourrais m'inventer deux dans ma tête ou plus, histoire d'avoir quelques débats tumultueux. Mais ça aussi, ce n'est pas trop recommandé. Alors j'attends, j'attends le moment où je vais dessiner, en attendant de rencontrer du monde!

Chili : Un pays à l'Histoire tourmentée

Je ne rencontre pour le moment pas de communautés Mapuches, mais, j'apprends beaucoup de choses sur l'histoire du Chili. N'est-ce pas quelque chose d'important? Connaitre un pays pour mieux comprendre ses complexités. Plus j'en apprends, moins je souhaite aller m'immiscer dans les combats Mapuches, luttant contre l'état et les firmes multinationales.

Mais pour comprendre tout ça, petit retour sur l'Histoire...

(Attention, ce qui suit est un vrai discours de gauchiste, âme sensible s'abstenir!)

Le Chili est un pays où il existe une des plus grandes disparité sociale au monde: il y a des très riches et des très pauvres. Tout est privatisé, ce qui renforce les inégalités : l'éducation, l'eau, la santé, tout ce qui est vital en somme! Le poids de la dictature pèse encore beaucoup sur le pays. Pinochet, mort en 2006, a fini sénateur (à vie), sans être vraiment condamné par la communauté internationale pour les atrocités qu'il a fait subir à la population, comme beaucoup de généraux de l'armée...

En 1970 est élu démocratiquement Salvador Allende qui souhaite être porteur d'un Chili indépendant en révolutionnant les lois en place. Il met ainsi en œuvre une politique agraire en redistribuant les terres, vendues à des firmes multinationales, au profit de plus de 100 000 familles paysannes. Cela va apporter beaucoup de conflits. Il tente également de nationaliser les gisements de cuivre au nord du pays. Il souhaite, de la sorte, dès-étatsunier le Chili. Mais, en 1973, ses efforts se voient stoppés net par le coup d'état mené par Pinochet. Bien que s'attendant à être renversé, quelle ne fut pas la surprise d'Allende quand il vit que Pinochet, un proche  qui plus est commandant des armées (je crois), était à la tête de ce coup d'état. Lors de la prise du Palacio de La Moneda, on proposa à Allende l'exil. Ce dernier, souhaitant se battre pour son peuple, préféra rester dans le palais, quitte à y laisser sa vie. 7 heures de siège plus tard, le président fut retrouvé mort dans son bureau (suicide ou assassinat..? La question n'est pas résolue). Ce jour là, un des quartiers populaires de Santiago fut également bombardé. Ce 11 septembre 1973 marque le début des horreurs. 10 000 personnes furent parquées dans le Stade National, elles n'en sortirent pas vivantes ou alors, pas entières. C'est notamment le cas d'un chanteur populaire, de gauche, qui se vit arrêté, déporté dans le stade, torturé et retrouvé mort, le corps criblé de balles... 5 000 autres personnes furent parquées dans un autre stade, pour le même sort. Une perte humaine énorme se déroulant en autre sous l'appui de la CIA. Les pires horreurs furent commises à cette époque.

Sous la pression internationale, et en partie de Mitterrand, se déroula en 1988 un référendum sur la poursuite de la dictature. 97% de la population se mobilisa! Un chiffre énorme quand on connait le désintérêt du peuple pour la politique! 55% vota contre cette dictature. Pinochet se retire malgré lui, gardant tout de même le pouvoir sur l'armée ''grâce'' à la constitution de 1980.

Le Chili demeure encore sous cette constitution (où il est par exemple stipulé, qu'il est tout à fait possible de faire de l'argent avec l'éducation...!). En novembre 2017 ont lieu les élections présidentielles, menace pour les avancées sociales du Chili avec un candidat d'extrême droite largement favori.. L'une de ses mesures principales est de supprimer la bourse allouée à 250 000 étudiants, leur permettant d'étudier gratuitement. Sans cette bourse, les étudiants sont obligés de s'endetter sur 15 ou 20 ans pour payer leurs études. Pour exemple, le prix des études varie entre 300 et 600€ par mois: une somme énorme quand on sait que le salaire minimum est de 270 000 pesos chiliens soit un peu plus de 360€.

Petite chose positive dans ce monde politique, l'avortement a été dépénalisé ce 14 septembre. Il est possible d'avorter sous conditions. Petite avancée encore bloquée par la pression catholique très présente malgré le fait que le Chili soit un état laïc. Sous le gouvernement actuel de Michelle Bachelet, un projet de pacs pour la communauté LGBT est en cours d'étude.

Incroyable ce pays! Tout est en construction après cette dictature très présente!

Pour ce qui est des Mapuches, il existe une loi spéciale anti-terrorisme qui leur est réservée. Ils sont accusés de tout et sont totalement rejetés par la population. Etrange! Il faut savoir que 70% des personnes ont des origines Mapuches. Vus comme des terroristes, ils sont pourtant bien loin de ceux qui sévissent malheureusement en Europe. Ici, ils ne tuent pas, ils se battent uniquement pour leurs droits, pour leurs terres, pour leur reconnaissance en tant qu'humain au même titre que n'importe quelles autres personnes. Plus j'apprends des choses plus je souhaite m'éloigner de tous ces conflits entre l'Etat et les Mapuches. Trop de points noirs, trop de répression, je vais donc me la jouer tranquillo! Je ne connaitrais peut-être pas les communautés Mapuches mais au moins je connais l'Histoire du pays!

Valparaiso : ville aux mille couleurs, aux mille Histoires

Valparaiso, une ville d'art, et d'histoire. La ville doit son nom à un conquérant espagnol, nommé Juan de Saavedra, qui par nostalgie de son pays, l'Andalousie rebaptise la ville Alimapu (terres brulées en Mapudungun) en Valparaiso. Petit port inconnu, il devient alors l'un des ports le plus important, et connait son âge d'or au XIXème siècle. Pour accèder à la côte ouest des Etats-Unis, il n'y avait, depuis l'Europe aucun passage possible que le terrible Cap Horn, un cap redouté par les plus grands capitaines tant les conditions de navigation étaient et sont difficiles. La ville devint donc une étape majeure, une petite pause dans cette longue traversée. A ce qu'on raconte, les marins s'arrêtaient le temps d'un week-end, passaient le samedi jusqu'à l'aube sur le Cerro Alegre, la colline des filles de joie pour aller se repentir le dimanche, une rue en face, sur le Cerro Concepcion, la collines des églises. Autre que les pêcheurs de baleines, coquillages ou crustacés, Valparaiso doit aussi sa prospérité grâce aux riches chercheurs partis pour l'ouest américain du nord. Et oui, à cette époque être chercheur d'or était assez en vogue! Mais, certains, fatigués par leur voyage, décidèrent de mettre fin à leur périple en posant leurs valises de manière définitive dans ce port. Fini la quête dorée, bonjour la vie douce de la Vallée du Paradis.

A cette époque, la ville, en pleine expansion, grignota un peu de territoire marin. Une esplanade fut construite, la Plaza Sotomayo. Dessus, a été dressé un monument à la mémoire des combattants de la Guerre du Pacifique, devant lequel les chiliens aiment se prendre en photo en compagnie de matelots de l'Armada del Chile. Mais, toutes les bonnes choses ont une fin... 1914 sonne le glas avec la construction du canal de Panama. Le Cap Horn devient alors un passage obsolète, réservé aux marins les plus fous. Valparaiso tombe peu à peu dans l'oubli. Cette descente aux enfers est renforcée par le coup d'Etat du Général-Dictateur Pinochet, en 1973, à Valparaiso même. La dictature d'extrême droite dure jusqu'en 1990. Arrestation, ticket de rationnement, censure, exécution et exil forcé font le quotidien de ces années noires. Le Chili est encore très marqué par cette période sombre. On parle aujourd'hui d'un régime militaire plutôt que d'un régime autoritaire. Un peu comme en France où certains s'échinent à parler des ''évènements d'Algérie" au lieu de "Guerre d'Algérie''. Bref, aujourd'hui Valparaiso retrouve peu à peu sa prospérité. Par manque de poissons pour cause de pêche intensive, les pêcheurs ont reconverti leur bateau en bateau de pêche touristique. Petit coup de pouce en plus en 2003 : l'Unesco classe 3 quartiers au patrimoine mondial : le Quartier de l'Ancien Port, le Cerro Conception et le Cerro Alegre. La ville pleine de couleurs revit en partie grâce au tourisme, et aux nombreux graffeurs colorant les murs de multiples fresques plus belles les unes que les autres. Petit plaisir pour les yeux après la grisaille de Santiago!

Réflexion : Voyageur ou Voyeurisme?

Valparaiso, ville au mille couleurs, aux ruelles tordues et mal rangées, musée à ciel ouvert avec des fresques de tous les côtés. Au détour d'une rue, je suis tombée sur une fresque retraçant toute l'histoire de l'Amérique du Sud. La colonisation, l'évangélisation, l'extermination des peuples, la domination espagnole, les différentes guérillas, les dictatures, la nord-américanisation de l'Amérique du sud avec McDo', Mickey et Cie. Tout est retracé et est assez frappant par sa vérité... Puis, mes yeux se sont posés sur un détail, perdu au milieu de la fresque. Deux touristes sont représentés, un sac-à-dos sur le dos, t-shirt Peace & Love, appareil photo en main, prenant en photo les scènes violentes du passé, l'autre tenant un sac rempli de souvenirs, se prenant en selfie et repoussant d'une main deux personnes faisant la manche. Que font-ils ici? Qui sommes nous voyageurs? Sommes nous des voyeurs en quête de sensations, de ''nouveautés", à s'extasier devant les maisons coloniales sans se soucier du passé de ce continent?

Cette image m'a beaucoup frappée, et m'a fait me questionner sur le pourquoi de mon projet? Suis-je dans une attitude de voyeurisme et de consommation de la culture traditionnelle? Même si ma démarche n'est pas dans cette optique de consommation du voyage, il est bon de se remettre en question. De se replacer en tant qu'humain au milieu d'humains et non en tant que collectionneur de curiosité et de sensationnel!

Cela me fait également penser à une phrase que m'a dite le gars de l'université. Je lui demandais si le musée de l'Histoire de l'Amérique Latine et des civilisations pré-colombiennes de Temuco (''capitale" mapuche) était intéressant pour comprendre un peu plus la lutte des Mapuches. Sa réponse est nette: "Pour moi, ce genre de musée n'est que le point final de la colonisation." Cela amène à réfléchir... Beaucoup de choses qui permettent de se questionner sur sa position et ses intentions en tant que voyageur...!


El Dieciocho, Fiesta  Patria : Fête de l'Indépendance

Aujourd'hui, 18 septembre, est un grand jour pour le Chili, c'est la fête de l'Indépendance, célébration de l'anniversaire de la Première Réunion du gouvernement chilien, célébré depuis 1811. Un peu notre 14 juillet en France, sans feu d'artifice mais avec des drapeaux chiliens de partout! Mais quand je dis partout, c'est partout (sur les fenêtres, dans les magasins, sur des serres-têtes, sur les poteaux électriques, sur les capots des voitures et même, mention spéciale pour les rétroviseurs avec une chaussette spéciale Fête de l'Indépendance!). Cela peut paraitre étrange comme coutume selon le point de vue d'une française totalement non patriotique. Ici non, cette fête célèbre la fierté du Chili, l'indépendance face à l'Espagne, la revendication d'un Etat Nation. RECTIFICATION: S'il y a autant de drapeaux ce jour là, c'est qu'il existe une loi mise en place sous Pinochet, obligeant la population à afficher le drapeau chilien sur leur maison pour le 18. Bien que n'étant plus trop contrôlée, la loi est toujours en vigueur...

Avant de débarquer ici, je me disais, fête de l'indépendance rime avec Révolution. Je voyais déjà le peuple descendu dans la rue, le poing levé, criant à l'unissons ''El pueblo unido, jamas sera vencido''. La Révolution, quoi! Mais, rien de tout ça. Il n'y a personne dans les rues. Tout le monde reste chez soi, ou s'en va hors de Santiago, tous réunis autour d'un asado (sorte de barbecue sudaméricain), d'une cerveza, ou d'une représentation de cueca, la danse traditionnelle chilienne.

Pour ce jour, tout s'arrête. El Dieciocho est plus important que Noël, dans un pays pourtant très catholique. Aujourd'hui, c'est lundi, les réjouissances ont commencé le 16 au soir. Le 19 est un jour férié également, connu sous le nom du Jour de la Gloire de l'Armée du Chili. Cette fête permet aux chiliens de prendre quelques jours de vacances, une petite semaine pour les plus chanceux. L'Indépendance! Quitter son travail pour aller profiter de la vie un moment!

Ce jour-ci, c'est aussi la célébration des cerfs-volants et moulins à vent. Il y en a aussi de partout, à chaque recoin de rue se trouve un étal de cerfs-volants près à s'envoler pour aller toucher les nuages. Selon Monsieur le Routard, le cerf-volant est un jeu très ancien au Chili, amenant même, pour les plus doués, à des compétitions! Le jeu consiste à recouvrir la ficelle de morceaux de verre ou d'éléments coupants afin d'aller couper la ficelle de son voisin. En somme, cela requiert une grande adresse et une pratique excellente de la manette de cerf-volant. Vous trouverez aussi, en vous promenant dans un parc, une quantité non négligeable de moulins à vent plantés dans la terre, animés par les vents d'Ouest, ramenant une brise pacifique sur la plaine de Santiago. Petite touche poétique à ce paysage bariolé de drapeaux chiliens! Septembre étant le mois du vent au Chili, le ciel est rempli de cerf-volants, tous plus colorés les uns que les autres!

Réflexion : Vivre Avec pas grand chose, c'est possible!

Aujourd'hui est un grand jour, j'ai retrouvé mon sac-à-dos, Jean-Christophe Sacadoff! C'est avec une immense joie que nous nous sommes retrouvés aujourd'hui, non sans mal! Après trois jours sans nouvelles, je suis allée aujourd'hui à l'aéroport me perdre dans les couloirs des bureaux des compagnies, pour trouver celui de Air Canada fermé. Quand soudain, une lumière particulière éclaira la pièce avec un doux son de roulettes de chariot. Jean-Christophe était là en chair et en tissus! Quelle joie de le voir! Il a ensuite fallut attendre que le bureau s'ouvre et que je récupère mon p'tit coco qui avait décidé de se faire la belle!

Du haut de ses 17kg, Jean-Christophe va bien, il a quelques égratignures mais rien de grave!

En le récupérant, une petite réflexion sur ces presque cinq jours passés sans sac, m'est venue. J'ai pu vivre, très bien, avec le stricte minimum : 2 paires de chaussettes, 2 culottes, 2 t-shirts, 1 pantalon, 1 brosse à dentifrice, 1 shampoing faisant office de shampoing, gel douche et lessive. Même si je commençais à m'inquiéter de finir par voyager avec l'essentiel, il est tout à fait possible de vivre ultra léger avec un minimum d’organisation. Un t-shirt pour le jour, un pour la nuit, des chaussettes pendant 2 jours d'affilés malgré la chaleur. Seule chose à faire, laver sa culotte du jour et ses chaussettes tous les soirs (ou un soir sur deux pour les chaussettes, à votre convenance) histoire de les avoir sèches pour le lendemain soir. (tout ça en espérant que le taux d'humidité ne soit pas trop important et la température suffisamment élevée pour tout sécher en une journée) Le seul petit problème reste le pantalon, le porter une semaine ne me dérange pas mais en le portant presque H24 avec l'avion, la pollution, la poussière etc., une lessive ne lui ferrait pas de mal!!

Là, je parle de l'utilitaire, des affaires de première nécessité comme disent les compagnies aériennes. Pour ce qui est du moins utile et technologique, je suis sur-équipée..! Appareil photo, MP3, mini-ordi, cabine téléphonique française et le petit dernier, un smartphone chilien (oui, c'est écrit smartphone..) pour pouvoir contacter les différentes personnes au Chili. Bref, beaucoup, beaucoup de matériel de quatrième nécessité, presque plus qu'en France. Incroyable non? Peut-être que c'est ça la raison de mon voyage: me retrouver face à mes racines technologiques et me sentir en totale connexion avec la nature digitale... Un accomplissement dans ma vie! J'en ai presque les larmes aux yeux...!
Malgré cet aparté technologique, vivre avec peu, c'est encore possible dans cette société Achète-Consomme-Jettes! Même Jean-Christophe devrait faire un régime, c'est certain! Cette petite expérience aura surement planté une petite graine dans ma tête qui germera à mon retour en France avec un ménage dans mes affaires... Moins de chose, plus de temps!

Arrivée à Santiago

15 septembre 2017: Deuxième jour passé au Chili, à Santiago, impression d'être là depuis une semaine.

Que de péripéties, premier vol sans encombres à part quelques petites turbulences version montagnes russes, arrivée à Francfort avec une demi-heure de retard. A la descente de l'avion, s'en suit un marathon pour attraper mon vol vers le Canada, je suis dans les dernières à monter dans l'avion! Soulagement de ne pas l'avoir raté! La traversée de l'Atlantique se fait assez rapidement malgré les 8h nécessaire, bercée par les bras de Morphée, je n'ai pas vu le trajet passé. Enfin, dernier vol, de Toronto à Santiago, 10h de voyage pour rejoindre l'Amérique du Sud. Il aura fallut en tout plus de 27h de trajet pour débuter ce projet.

A l'arrivée, les péripéties ne s'arrêtent pas, les sacs défilent sur le tapis, puis plus rien. Mon sac à dos a décidé de faire le tour du monde sans moi. Il a du se perdre lors de la courte correspondance à Francfort. Je n'ai toujours pas de nouvelles de son devenir mais espère le retrouver au plus vite pour qu'il me raconte son incroyable voyage.

Après quelques arnaques de taxi, j'arrive enfin à l'auberge. Il faut connaitre les règles du pays, entrer dans le jeu du voyage n'est pas si facile que je ne le pensais.

Le premier jour est assez difficile. Un moral tout en bas des chaussettes, un sac à l'autre bout de la terre, un pays inconnu, loin du confort douillet de la France. Heureusement dans ces moments, Skype est là pour un petit coup de téléphone en France. Et aussi, les chilien-ne-s qui sont adorables. Dure journée, dure et petite nuit avec le décalage horaire (-5h par rapport à la France), mais réveil en forme et prête pour un nouveau jour.

Départ sur les chapeaux de roues avec un premier rendez-vous avec un enseignant de la Universidad Metropolitana de Ciencia de la Educacion (la plus ancienne du Chili). J'apprends de nombreuses choses sur les communautés Mapuches. Notamment qu'il existe une communauté dans la périphérie de Santiago, cette dernière étant venu en ville pour le travail principalement. Vivant principalement dans la Région IX, les communautés sont sans cesse en conflit avec l'état et les instituts forestiers, à qui ils réclament leurs terres ancestrales. Problème majeur, la Region IX se situant entre la Cordillère de la côte et la Cordillère des Andes, plaine fertile, propice aux plantations, de nombreuses plantations forestières ont vu le jour sans grande consultation préalable avec les communautés Mapuches. Une des régions au nord de Temuco est particulièrement en tension depuis quelques temps (Ercilla, Colliculi), avec des nombreuses manifestations. On me déconseille fortement d'y aller, au risque d'être au milieu d'un conflit que je ne connais pas assez. Je suis alors redirigée vers un petit village plus touristique, proche de la côte, le village de Llaguepulli, une première étape pour rencontrer ces personnes. J'espère pouvoir rencontrer les enfants de l'école Kan Pu Lof Ñi Kimeltuwe, mais pour cela, il me faut connaitre d'avantage l'histoire de ce peuple, l'origine du conflit etc., pour ne pas venir en touriste voyeuriste mais bien en tant que voyageuse dessinatrice.

Pour le moment, le temps est venu à l'acclimatation, je reste sur Santiago pour le 18 septembre, fête de l'Indépendance de Chili. Au programme, 5 jours de fêtes prévus dont deux jours fériés. Cette fête marque une petite pause dans l'année, la grande partie des chiliens partant en vacances pendant ces jours-ci. Je pense ensuite monter au nord à Valparaiso pour aller admirer les nombreuses fresques ornant les murs de la ville. Affaire à suivre..!

J-7: Rencontres avec les Enfants

Le départ se rapprochant à vitesse grand V, je me devais, avant de partir, d'aller rencontrer les élèves des écoles avec qui j'ai monté un partenariat.

La première est l'école Primaire de Silhac, composée de deux classes (maternelles/CP et CE1-2/CM1-2), le projet avec l'école sera principalement suivi par les ''grands''. Nous avons échangé avec les enfants, situé l'Amérique du Sud sur une carte, tout en leur montrant un carnet de voyage réalisé au cours de mes dernières excursions hors France. Pour éviter que ce partenariat soit lourd à porter et à mener tant pour l'école que pour moi, l'échange sera simple, sous forme de correspondances avec les enfants, par un échange de mails, de dessins, moments Skype, suivi du blog par les enfants, etc. Les instit' vont également axer certains de leurs projets à l'année sur l'Amérique du Sud comme des ateliers musiques, ou arts plastiques, et peut-être une initiation à l'espagnol. Deux questions primordiales pour les enfants: qui va s'occuper des ânes et des chevaux pendant mon absence? Comment vais-je faire si je meurs là-bas? Élémentaire mon cher Watson!

La deuxième rencontre s'est faite avec les enfants de l'école Maternelle de Vernoux-en-Vivarais, composée de trois classes rassemblant des enfants de la Toute Petite Section jusqu'à la Grande Section. L'échange se fera également par mail et envoi de carte postale quand j'en aurai l'occasion. Moins soucieux du devenir des chevaux que les primaires, les enfants m'ont posé beaucoup de questions sur les dessins, l'avion (dans lequel je vais passer une journée entière et un dodo), les personnes chez qui je vais dormir, les volcans, les animaux sudaméricains, etc.

Les enfants ont réalisé un grand dessin que je dois transmettre à une des communautés que je rencontrerai. De là, m'est venue l'envie de faire passer ce dessin à une école Mapuche, Quechua, Aymara ou autre ou un centre de santé traditionnel, et qui sait, peut-être, établir un pont entre ces deux écoles et permettre une correspondance entre les enfants pour un échange interplanétaire. Affaire à suivre dans les prochains mois...!

3 mois  et  14 jours avant de partir, où en est le projet?

Tout se monte petit à petit!

 

A l’heure actuelle, le projet est à l’étape de construction. Le point le plus important en ce moment est le montage financier. Pour cela, j’ai fait des démarches auprès d’entreprise de fourniture Beaux-Arts et de matériel de montagne. Je suis dans l’attente de réponse de la plus parts des entreprises. Certaines, à ce jour, ont néanmoins répondu positivement à ma demande de sponsoring comme Clairefontaine, Omyacolor, Hahnemühle, Direct Alpine, Deuter ou Lonely Planet (je les remercie!).

 

J’ai également contacté de nombreuses maisons d’éditions en prévision de mon retour en France. Je n’ai eu pour le moment que peu de retour. Seules les Editions Treize Avril m’ont répondu en me proposant d’envoyer le manuscrit du carnet à mon retour.

 

En parallèle, j’ai lancé une campagne de financement participatif sur Zeste.coop. Le premier pallier a été atteint, il ne reste plus qu’à attendre la clôture de la campagne mi-juin.

 

J’ai obtenu, il y a peu la Bourse Initiatives Jeunesse de l’Isère. J’ai également envoyé un dossier pour la bourse Action Jeunes Citoyens de la Région Auvergne/Rhône-Alpes, pour laquelle j’attends les résultats du jury.

 

Au niveau des réalisations artistiques et du carnet de voyage à proprement parlé, tout est encore à faire. Le début de l’aventure humaine et artistique est prévu pour le 13 septembre, au Chili, pour un retour encore indéterminé.

 

Campagne de Financement Participatif

Ça y est, la machine est lancée!

La campagne de financement participatif commence aujourd'hui!
Un pas de plus vers l'Amérique du Sud.

Ci-dessous, le lien vers Zeste.coop si vous souhaitez contribuer:
https://www.zeste.coop/…/d…/detail/rencontres-avec-les-andes

Commentaires: 2 (Discussion fermée)
  • #1

    Gandy Rémi (mercredi, 27 septembre 2017 21:39)

    Super intéressants tes textes! Prends soin de toi et tu as raison d'éviter les contacts avec les Mapuches car tu n'es plus dans la doulce France. Bises. Rémi.

  • #2

    Gandy (dimanche, 22 octobre 2017)

    Tu m' impressionnes de plus en plus au plan de l'écriture: fluidité, élégance, originalité des images, profondeur des réflexions.... autant de choses qui font qu'il est passionnant de te lire et de te relire; seriez vous aussi douée pour la plume que pour le pinceau très Chère?
    Je sais que ta mère t'a dit pour mon jeune ami; je vais m'en sortir comme d'habitude mais une fois de plus je ressens en moi une colère aussi immense qu' impuissante devant un tel gâchis.
    Plein de bises (dont certaines d'admiration).
    Rémi.